La route de Sampo

  • Titre du livre: La route de Sampo
  • Auteur: HWANG Sok-yong
  • Traduit par CHOI Mikyung et JUTTET Jean-Noël
  • Editeur: Editions Picquier
  • 144 pages – Format: poche – ISBN : 978-2-8097-1302-2
  • Parution: octobre 2017
  • Prix: 7,50€

Description du livre

Deux ouvriers se déplaçant de chantier en chantier et une prostituée en fuite font un bout de chemin ensemble. Une amitié se crée entre eux qui étaient des inconnus et qui le redeviendront bientôt. Leurs espoirs et leur nostalgie auréolent ce voyage d’une poésie et d’une humanité profondes.

Les trois histoires qui complètent ce livre évoquent des épisodes clés de l’histoire de la Corée, avec une tonalité parfois autobiographique : un enfant pris dans la tourmente de la guerre civile entre le Sud et le Nord dans les années 1950 ; la désespérance d’un soldat coréen enrôlé dans la guerre du Viêtnam ; les désillusions d’un paysan parmi les milliers de ceux qui, dans les années 1970, désertèrent les campagnes pour les mirages de la ville.

Mon opinion

Mon plus grand regret, c’est que les quatre nouvelles que composent ce livre soient si courtes.

Chacune d’entre elles aborde un sujet différent, évoquant des épisodes clés de l’histoire de la Corée. L’édition Picquier, qui en publie la traduction en français, mentionne également une tonalité du récit parfois autobiographique.

Car Hwang Sok-yong, comme l’explique l’introduction, a connu la guerre de Corée, ou tout du moins, en a subi les conséquences lorsqu’il était enfant. En fait, son histoire personnelle, dont on retrouve des fragments dans ses nouvelles et autres récits, est particulièrement intéressante, dans la mesure où elle donne encore plus de profondeur à ses œuvres. En particulier lorsque l’on sait que les quatre nouvelles ont été spécifiquement choisie par l’auteur pour composer ce recueil.

Né en Mandchourie sous l’occupation japonaise, il sera emprisonné trois fois au cours de sa vie :

  • en 1964 pour avoir participé à une manifestation interdite ;
  • en 1985 à cause de la publication du roman Journal de Kwangju: Au-delà de la mort, au-delà de la période sombre, pour lequel il s’était présenté comme l’auteur pour lui assurer une plus large diffusion (le véritable auteur étant un journaliste d’un quotidien local, Lee Jae-eui) ;
  • et en 1993 pour être entré en contact avec des Nord-coréens au cours d’un voyage de promotion des échanges entre l’Association des artistes sud-coréens et la Fédération générale de littérature nord-coréenne, à Pyongyang en 1989. Il sera finalement gracié par le président nouvellement élu Kim Dae-jung en 1998.

La première nouvelle, intitulée Herbes folles, évoque ses souvenirs d’enfance, sa famille et le quartier où il vivait alors. Leur quotidien est brutalement bouleversé lorsque la guerre civile entre le Nord et le Sud éclate.

La seconde, Œils-de-biche, dresse le portrait d’un soldat coréen démobilisé, sur le retour de la guerre du Vietnam, tandis que la troisième, Les ambitions d’un champion de ssireum, suit un jeune homme qui quitte sa campagne natale dans l’espoir d’une vie meilleure.

Enfin, la dernière, qui a d’ailleurs donné son nom à ce recueil, La route de Sampo, suit brièvement la route de deux ouvriers et d’une prostituée, trois inconnus que le hasard a poussé à partager un bout de chemin ensemble. Cette nouvelle fait référence à sa première sortie de prison où, libéré en même temps que son compagnon de cellule, un ouvrier, ils sont partis tous les deux sur la route.

Pour chacune de ces histoires, on rencontre les personnages à un moment de leur vie, les accompagne brièvement, avant de les quitter, sans savoir ce que l’avenir leur réserve. C’est ce que je trouve frustrant dans le principe des nouvelles : le récit est toujours très court, ce qui ne permet pas de faire de grands développements comme dans un roman. Mais son style d’écriture net et sans fioriture reste très plaisant.

Mais contrairement aux nouvelles d’auteurs occidentaux que j’ai pu lire pendant mes études (car ce sont bien là les seules nouvelles que je n’ai jamais lues), Hwang Sok-yong ne nous partage que des extraits de vie. Il y a un côté assez poétique à cela, et j’ai trouvé la lecture agréable. En se questionnant sur ces personnes, ce qu’elles ont vécu, où elles vont, on se questionne un peu sur nous-mêmes aussi.

Emprunt – Fiche de lecture rédigée le 02/08/2021

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

5 commentaires sur « La route de Sampo »

  1. Un grand merci pour cette belle chronique. J’aime beaucoup la poésie qui se dégage des rencontres fortuites. Les 4 nouvelles semblent une bonne entrée en matière dans la « petite » histoire, quand on connaît déjà la grande Histoire des manuels. J’ai hâte de me procurer ce livre et de le lire à mon tour 🙂

    1. Merci à toi pour ton retour ! Effectivement, c’est un complément intéressant à l’Histoire, parce que cela permet d’avoir un point de vue interne aux évènements, même si cela reste un récit, et donc forcément un peu romancé. Je serais ravie d’avoir ton avis après lecture !

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