Si vous vous intéressez aux arts asiatiques, il est fort probable que vous ayez déjà entendu parler du musée Guimet, un musée parisien réputé pour ses collections d’œuvres et divers objets originaires des pays d’Asie.
Des céramiques chinoises aux bouddhas birmans, des fresques afghanes aux cotons imprimés mongoles, chaque salle contient bien des trésors à admirer.






Le musée et son fondateur

Le fondateur du musée, Émile Guimet, était un industriel lyonnais né en 1836. Grand amateur de voyages, il souhaitait à l’origine créer un musée des religion de l’Égypte, de l’antiquité classique et des pays d’Asie. Ses nombreux voyages et son tour du monde, effectué en 1876, lui permirent de réunir d’importantes collections qui, après un passage à Lyon, furent rassemblées dans le nouvellement construit musée parisien.
Petit à petit, la place accordées aux religions de l’antiquité fut de plus en plus restreinte, afin d’agrandir les collections asiatiques. Après la mort d’Émile Guimet, son musée fut rattaché à la Direction des musées de France, et suite à une vaste réorganisation des collections nationales menée dans les années 1940, le musée Guimet se sépara de ses pièces égyptiennes au profit du Louvre, qui, en retour, lui envoya l’ensemble des œuvres du département des arts asiatiques.
Aujourd’hui, le musée Guimet est reconnu comme un grand centre de la connaissance des civilisations asiatiques au cœur de l’Europe, saluant les efforts à la fois de son fondateur, mais également de toutes les personnes qui y ont œuvré depuis sa création.
L’amour des belles-lettres

En dehors de son attrait pour le voyage et l’histoire des religions, Émile Guimet appréciait particulièrement les belles-lettres, preuve en est de la bibliothèque, conçue comme le cœur du musée dès son ouverture en 1889. La rotonde, qui accueille par ailleurs des expositions, est d’ailleurs classée Monument historique.
Une porte d’entrée sur l’Asie
C’est la raison pour laquelle a été crée le Prix Émile Guimet de littérature asiatique, considéré comme une “porte d’entrée sur l’Asie”, qui “apporte aux amoureux des voyages immobiles le nécessaire pendant oriental qui leur manquait”.

En pratique, ce prix, dont la première édition date de 2017, récompense un roman ou un récit considéré comme fidèle à la volonté du fondateur du musée : faire découvrir une Asie protéiforme et toujours surprenante. Il y a, évidemment, des critères à respecter :
- il doit s’agir d’une traduction en français;
- l’auteur du roman ou du récit doit provenir d’une zone géographique couverte par le musée;
- la traduction doit être parue en France au cours de l’année civile précédente;
- la date de parution dans le pays d’origine doit dater de moins de dix ans.
Ces critères permettent de rester au cœur de la création littéraire contemporaine asiatique.
Les lauréats
Puisque la première édition remonte à 2017, il y a jusqu’à présent quatre lauréats :
2017
Delhi Capitale, Rana Dasgupta

2018
Au soleil couchant, Hwang Sok-yong

2019
Une forêt de laine et d’acier, Natsu Miyashita

2020
Funérailles molles, Fang Fang

Chacun de ces livres fait partie d’une sélection d’ouvrages au nombre variable : cela va de seulement 5 livres en 2019 à 10 en 2020.
2017 (8 titres)
- Celui qui revient, Han Kang, Corée du Sud, Serpent à Plumes éditeur
Delhi Capitale, Rana Dasgupta, Inde, Buchet Chastel éditeur
- L’échelle de Jacob, Gong Ji-young, Corée du Sud, Picquier éditeur
- Lala Pipo, Hideo Okuda, Japon, Wombat éditeur
- Le Dit du Loriot, Su Tong, Chine, Seuil éditeur
- Le jardin des brumes du soir, Tan Twen Eng, Malaisie, Flammarion éditeur
- Nana à l’aube, Park Hyoung-su, Corée du Sud, Decrescenzo éditeur
- Une famille à l’ancienne, Chôn Myônggwan, Corée du Sud, Actes Sud éditeur
2018 (6 titres)
Au soleil couchant, Hwang Sok-yong, Corée du Sud, Picquier éditeur
- Le jeu du chat et de la souris, A Yi, Chine, Stock éditeur
- Le magicien sur la passerelle, Wu Ming-yi, Taïwan, L’Asiathèque éditeur
- Le Prisonnier, Omar Shahid Amid, Pakistan, Presses de la Cité éditeur
- La colère de Kurathi Amman, Meena Kandasamy, Inde, Plon éditeur
- Les mensonges de la mer, Nashiki Kaho, Japon, Picquier éditeur
2019 (5 titres)
- Encouragez donc les garçons, Eun Hee-kyung, Corée du Sud, L’atelier des cahiers
- La somme de nos folies, Shih-li Kow, Malaisie, Zulma
- L’incessant bavardage des démons, Ashok Ferrey, Sri Lanka, Mercure de France
- Portée-la-Lumière, Jia Pingwa, Chine, Stock
Une forêt de laine et d’acier, Natsu Miyashita, Japon, Stock
2020 (10 titres)
- La grande traversée, de Shion Miura, Japon, Actes Sud
- Kim Jiyoung née en 1982, de Cho Nam-Joo, Corée du Sud, Nil
- Quand le ciel pleut d’indifférence, de Shiga Izumi, Japon, Picquier
- Fuir et revenir, de Prajwal Parajuly, Inde, Emmanuelle Collas
- Tempête rouge, de Tsering Dondrup, Tibet, Picquier
- Comme des lions, de Fatima Bhutto, Pakistan, Les Escales
Funérailles molles, de Fang Fang, Chine, L’Asiathèque
- Miss Laila armée jusqu’aux dents, de Manu Joseph, Inde, Philippe Rey
- Le jardin, de Hye-Young Pyun, Corée du Sud, Rivages/Noir
- Un parfum de corruption, de Liu Zhenyun , Chine, Gallimard
Mais comment sont-ils sélectionnés ?
La sélection des ouvrages a lieu d’octobre de l’année précédente à mars de l’année en cours. C’est un comité de sélection interne au musée, composé aussi bien de conservateurs et de personnel de la librairie, que d’agents d’accueil et d’administratifs. Il est même possible d’y participer en répondant à l’appel à candidature, émis par le musée l’année précédente.
Pendant six mois, les membres du comité lisent, partagent, débattent afin de définir une liste qui est ensuite transmise à un jury.
La composition de ce dernier changent chaque année : la présidente du musée Guimet, Sophie Makariou, en fait bien évidemment partie, et à ses côtés, on retrouve des écrivain.e.s, des libraires, des traducteur.rice.s, d’ancien.ne.s ministres, des professeurs, etc.
Le lauréat est annoncé en juin, au cours d’une soirée spéciale, en présence de l’éditeur, du jury, des membres du comité de sélection interne du musée et de nombreux invités.

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