Les évaporés du Japon

  • Titre du livre: Les évaporés du Japon
  • Auteur: Léna Mauger et Stéphane Remael
  • Editeur: Les Arènes
  • 260 pages couleur – EAN : 9782352041603
  • Parution: 5 novembre 2014

Description du livre

« Mon fils était à l’école. Je suis sortie en laissant la maison ouverte. Abandonner son fils : peut-on faire pire ? J’ai fait cela. Je savais où j’allais. Partir, repartir à zéro. Être prête à tout… »

Chaque année, quelque 100 000 japonais s’évaporent sans laisser de traces.

Débarrassés de leur passé, ils tentent de refaire leur vie en passagers clandestins de l’archipel.
Lié à la honte et au déshonneur, le phénomène est au coeur de la culture nippone. Léna Mauger, journaliste, et Stéphane Remael, photographe, ont enquêté sur la part d’ombre du Japon.

Mon opinion

Il est écrit par la journaliste française Léna Mauger, qui a mené l’enquête avec son mari, le photographe Stéphane Remael, qui lui s’est chargé de prendre des clichés sur place. Ainsi, le récit est entrecoupé de photographies. Certaines d’entre elles représentent des personnes, même si peu d’évaporés acceptent d’être pris en photo, d’autres des lieux, qui donnent une idée des conditions dans lesquels ces personnes sont contraintes de vivre.

Vous pouvez retrouver ces clichés sur le site internet de Stéphane Remael en cliquant ici.

C’est un livre qui se lit extrêmement vite, et pourtant, c’est un sujet assez lourd qui y est traité. Pour être honnête, je ne m’y étais jamais vraiment intéressée, et je n’en savais pas grand-chose. J’avais évidemment déjà entendu dire que le taux de suicide était très élevé au Japon, et j’ai parfaitement conscience que l’image bucolique et idéalisé qu’on dépeint de ce pays en Occident est très loin d’être la réalité pour tous ses habitants.

Donc lorsqu’une amie me l’a prêté, j’y ai vu une occasion d’en apprendre davantage sur la face un peu plus sombre du Japon, qui est souvent passé sous silence. Même au Japon, ce n’est pas un sujet facilement abordé, et cela n’a pas facilité les recherches de l’autrice.

Au Japon, on les appelle 蒸発 jōhatsu, ce qui signifie littéralement « évaporation ». Ces personnes disparaissent volontairement de leur vie établie sans laisser de trace, abandonnant leur travail et leur famille. Parfois elles s’y sont préparées à l’avance, et parfois elles partent juste un beau jour sans jamais revenir. Ce n’est pas un phénomène spécifique au Japon, cela arrive partout dans le monde, mais il est particulièrement répandu dans la société japonaise.

Les évaporés disparaissant souvent par honte, face à un échec qui leur paraît insurmontable, et les familles vivent également sous le poids de cette honte, bien souvent sans pouvoir compter sur le soutien de leur cercle social (à qui ils n’en parlent bien souvent pas) ou le soutien de structures dédiées (qui n’existent tout simplement pas). Les familles se retrouvent ainsi bien démunies, à devoir mener les recherches elles-mêmes, car la police ne peut rien faire et les détectives privés sont bien trop onéreux.

Mais le sujet des jōhatsu n’est pas le seul à être abordé. En effet, face à la difficulté de trouver des interlocuteurs (évaporés ou leur famille, évaporateurs, etc.), l’autrice a profité de son enquête pour traiter d’autres thèmes (ou à l’inverse a-t-elle prétexté d’autres reportages pour retourner sur place et continuer à chercher des informations sur les évaporés ?).

Ainsi, elle nous parle, dans le désordre, du racisme au Japon (contre les étrangers, mais aussi contre la catégorie sociale des burakumin), des agences de location de personnes, des écoles de redressement des cadres, etc.

Sans surprise, ce n’était pas une lecture facile, mais elle est nécessaire. On ne peut pas comprendre un pays en se contentant seulement de ses faces les plus réjouissantes, il faut accepter de voir le bon comme le mauvais, car il y en a partout.

Je suis persuadée que tous les sujets traités ici devraient être davantage connus, et j’encourage évidemment la lecture de ce livre. Mais sachez qu’elle est profondément bouleversante, et si vous êtes sensibles à ce genre de thèmes, ne le lisez pas.

Emprunté auprès d’une amie en avril 2022 – Fiche rédigée le 10/04/2022

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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