Bien que le Japon suive désormais le calendrier grégorien, ce dernier est loin d’être le seul à avoir existé au Japon.
Historiquement, c’est le calendrier luni-solaire chinois qui était utilisé dans les temps anciens. Introduit au Japon, via la Corée, au VIe siècle, il utilise alors les procédés de calculs chinois pour déterminer le début et la fin de chaque saison et célébration. Il prend le nom de Tai-in taiyō reki (太陰太陽暦), calendrier luni-solaire du Japon.

Mais le cycle annuel et le déroulé des saisons diffèrent légèrement entre les deux pays. Ainsi, ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas forcément pour l’autre. C’est la raison pour laquelle les procédés de calcul sont adaptés en 1685 par le premier astronome officiel de l’époque d’Edo, Shibukawa Shunkai (渋川春海, 1639-1715), afin de respecter le cycle naturel japonais.
Par ailleurs, ce type de calendrier se base sur les cycles de la lune, le premier jour de chaque mois coïncidant avec la nouvelle lune. Mais douze mois lunaires sont insuffisants pour former une année, dont il manque alors onze jours. Cela contraint donc à ajouter un mois supplémentaires tous les trois ans environ.
En 1873, le processus de modernisation du Japon, lancé sous l’ère Meiji (1868-1912), conduit le pays à adopter le calendrier grégorien Guregorio reki (グレゴリオ暦), en vigueur dans les pays occidentaux. Le mois de janvier est, dès lors, officiellement considéré comme le premier mois de l’année, et le calendrier luni-solaire chinois est mis de côté.
Le respect important des traditions et des saisons demeure cependant ancré dans la société japonaise, et le calendrier grégorien se révèle peu adapté au cycle annuel traditionnel, certaines célébrations se retrouvant subitement avancées de plusieurs semaines.
C’est pourquoi un calendrier solaire, nommé Taiyō reki (太陽暦), est mis en place, en parallèle, en 1874. Il permet de décaler les fêtes d’un mois par rapport à leur date transposée dans le calendrier grégorien.
La seule fête ayant échappé à ce décalage est le nouvel an, qui est célèbré le 1er janvier.
Mais à quoi donc ressemble le calendrier solaire Taiyō reki ?
Comme en Occident, l’année est divisée en quatre grandes saisons : le printemps, l’été, l’automne et l’hiver. Le calendrier japonais ne s’arrête cependant pas là.
Chacune de ces saisons est scindée en six parties d’une quinzaine de jours, nommées sekki 節気. Il y en a donc vingt-quatre au total sur l’année 二十四節気 (nijūshisekki).

Enfin, chaque sekki est subdivisée en trois climats, appelés kō (侯). Ces derniers sont nommés shokō (初侯), jikō (次侯) et makkō (抹侯), ce qui signifie littéralement premier climat, climat suivant et dernier climat.
Chaque sekki et climat porte un nom distinct, aux allures poétiques, qui invite à savourer le moment présent. C’est en particulier le cas des climats qui sont accompagnés de haikus.
Et en pratique, ça donne quoi ?
Le calendrier luni-solaire commence habituellement le 4 février. Cependant, en raison de la durée d’une année, qui dure précisément 365 jours et 6 heures, cette poignée d’heures décale légèrement les sekki chaque année, et explique que le début d’année tombe parfois sur le 3 février.
C’est par exemple le cas cette année, où il tombait le 3 février à 23h59 précisément.
Voici la liste des 24 sekki, accompagnés de leur traduction (littérale en italique, et explicite) :
Le printemps haru 春
3/4 février | risshun 立春 | Début du printemps |
18/19 février | usui 雨水 | Eau de pluie : Lorsque la neige laisse place à la pluie et que les glaces fondent |
5/6 mars | keichitsu 啓蟄 | Eveil des insectes : Lorsque les insectes qui hibernaient sortent de terre |
20/21 mars | shunbun 春分 | Equinoxe de printemps : Lorsque le jour égale la nuit |
4/5 avril | seimei 清明 | Pureté et clarté : Le ciel pur et le renouveau de la nature |
19/20 avril | koku-u 穀雨 | Pluie faisant pousser le grain : La pluie qui fait pousser le grain |
L’été natsu 夏
5/6 mai | rikka 立夏 | Début de l’été |
20/21 mai | shōman 小満 | Végétation luxuriante : Quand la végétation arrive à maturité |
5/6 juin | bōshu 芒種 | Plantation du riz : Quand il faut planter le riz |
20/21 juin | geshi 夏至 | Solstice d’été : Le jour où la nuit est la plus courte |
6/7 juillet | shōsho 小暑 | Petite chaleur : Les jours où la chaleur s’accentue |
22/23 juillet | taisho 大暑 | Grosse chaleur : Les jours les plus chauds de l’année |
L’automne aki 秋
7/8 aoūt | risshū 立秋 | Début de l’automne |
22/23 aoūt | shosho 処暑 | Chaleur supportable : La période où les températures baissent |
7/8 septembre | hakuro 白露 | Rosée blanche : Quand on aperçoit la rosée blanche du matin |
22/23 septembre | shūbun 秋分 | Equinoxe d’automne : Lorsque le jour égale la nuit |
7/8 octobre | kanrō 寒露 | Rosée froide : Quand le givre apparaît au matin |
22/23 octobre | sōkō 霜降 | Tombée du gel : Les premières gelées |
L’hiver fuyu 冬
6/7 novembre | rittō 立冬 | Début de l’hiver |
22/23 novembre | koyuki 小雪 | Petite neige : Le jour où la neige commence à tomber |
6/7 décembre | taisetsu 大雪 | Neige importante : Lorsque la neige tombe en abondance |
22/23 décembre | tōji 冬至 | Solstice d’hiver : Le jour le plus court de l’année |
4/5 janvier | shōkan 小寒 | Petit froid : Les jours où le froid s’accentue |
19/20 janvier | daikan 大寒 | Grand froid : Les jours les plus froids de l’année |