Le sashiko est un style de broderie japonais, qui était traditionnellement utilisé pour décorer, et surtout renforcer les vêtements.
C’est tout à fait par hasard que j’ai découvert cette forme d’art: je scrollais tranquillement sur TikTok, quand je suis tombée sur une vidéo qui présentait succinctement le principe, tout en montrant un ouvrage en cours de réalisation. Cela m’avait vraiment intriguée, alors j’avais sauvegardé la vidéo dans l’attente de me renseigner davantage sur le sujet.
Plus tard, je me suis repenchée sur la question, et j’ai acheté le Guide de la broderie sashiko, de Susan Briscoe, aux éditions Eyrolles. De ce que j’ai pu en voir, c’est l’un des rares livres en français qui aborde également l’aspect historique et culturel, la plupart ne contenant que des modèles de broderies.

- Titre du livre: Le guide de la broderie sashiko
- Auteur: Susan Briscoe
- Editeur: Eyrolles
- 128 pages | 22.2 x 28.5 cm | ISBN-13 : 978-2212675405
- Parution: 15 février 2018
- Prix: 28€
Brève présentation
Utilisé à partir de l’ère Edo (1603-1868), le sashiko 刺し子 se traduit par “petits bâtons” ou “petits points” en français. Cette technique servait, à l’origine, à renforcer les vêtements de travail de la population japonaise rurale, ainsi que les vestes des pompiers privés de Tokyo. Les vêtements ainsi obtenus étaient plus résistants, et isolaient davantage du froid, ou dans le cas des pompiers, des flammes.
Et parce que les populations rurales étaient assez souvent assez pauvres, cela permettait également de réparer les vêtements, en les reprisant ou les assemblant, les rendant de facto plus durables.
Lorsque l’on regarde les ouvrages de sashiko traditionnels, on se rend compte que la majorité utilise des textiles de couleur indigo. La raison en est très simple : à cette époque, il y avait des lois impériales qui régissaient ce que pouvait porter la population (tissus, couleurs, motifs).
Les classes populaires n’étaient ainsi pas autorisées à arborer des couleurs vives ou des tissus riches, comme la soie, elles devaient donc se rabattre sur l’indigo. Quand aux motifs, ils se devaient de rester relativement petits, souvent brodés au fil blanc ou écru.

Plus tard, pendant l’ère Meiji (1868-1912), le sashiko a pris une place importante dans les activités hivernales, en particulier dans les communes rurales du nord du Japon, où l’hiver peut s’avérer très rude. Cet art était transmis de mères en filles, et plus globalement des aînées du village aux jeunes filles, car il requiert à la fois rigueur et patience, deux qualités considérées alors comme essentielles pour une épouse.
Le sashiko pouvait être utilisé autant sur des vêtements que d’autres textiles du quotidien, comme ces futons par exemple :

Il existe de nombreux modèles différents, la plupart reprenant des éléments géométriques ou stylisés, comme des vagues, des montagnes, des motifs de losanges ou d’éclairs, des fleurs, etc. Certains motifs sont originaires de Chine, tandis que d’autres ont été intégralement conçus au Japon.
Par ailleurs, les motifs ne sont, à l’origine, pas purement décoratifs : ils revêtent en effet pour certains tout du moins, une valeur symbolique, voire même protectrice. Par exemple, on peut broder des takonomekura, des étoiles à cinq branches qui protègent les pêcheurs de Kyushu des naufrages, ou des motifs de zigzags pour éloigner les mauvais esprits.
Tous ces motifs peuvent être divisés en deux catégories distinctes : d’une part les moyôzashi, qui désignent des motifs dont les points ne se coupent pas, et d’autre part les hitomezashi, travaillés sur une grille, avec des points verticaux et horizontaux qui peuvent se couper.
Voici quelques exemples de motifs traditionnels…
en moyôzashi
en hitomezashi

hiratsume sanmasu (carrés concentriques)

nowaki (vent d’automne)

komezashi (point de riz)

hanabishizashi (fleurs en losanges)
Aujourd’hui, le sashiko a quelque peu perdu son côté utile au profit d’un aspect esthétique. On en retrouve sur toutes sortes d’objets, comme des pochettes ou des coussins. Les vêtements brodés au sashiko perdurent encore, mais plus par effet de mode que par nécessité de rendre les vêtements plus résistants, que ce soit à l’usure ou au froid.
Dans les coulisses d’un ouvrage de sashiko
Évidemment, puisqu’il s’agit d’arts créatifs, je me devais de m’y essayer. J’ai donc décidé de fabriquer un petit pochon pour y ranger mes couverts (ou baguettes ou paille réutilisable !) lorsque je me fais une lunchbox.
J’avais au préalable commandé le matériel nécessaire sur Aliexpress : il me fallait donc un tissu adapté – que je souhaitais de couleur indigo pour les premiers ouvrages – des aiguilles spécial sashiko, ainsi que du fil.
Bien que le concept de base soit très simple, il suffit de faire des points pour dessiner un motif choisi, je me suis vite rendue compte que ça allait être un peu plus complexe que je l’avais anticipé. Il me faudra un peu de pratique pour être plus régulière dans mes points.
J’ai commencé par découper le morceau de tissu dont j’avais besoin, puis il a fallu tracer les motifs avec une craie ou un stylo spécial. Une fois cela fait, il suffit de commencer à broder ses points !
J’ai choisi un motif moyôzashi, donc avec des points qui ne se croisent pas. Il représente une forme un peu modifiée de seigaiha (litt. vagues de la mer bleue), avec en prime une petite improvisation de feuille d’érable.




J’ai acheté quelques petites choses, comme un cercle à broder, qui devraient me permettre de faire mieux pour mon prochain projet !
Un avis sur « Sashiko, de la nécessité à l’accessoire de mode »