Alexandra Kim, la sibérienne

  • Titre du livre: Alexandra Kim, la sibérienne
  • Auteur: Keum Suk Gendry-Kim
  • Traduit du coréen par Loïc Gendry
  • Éditeur: Cambourakis Bande dessinée
  • 240 pages – Format: 17 x 24 cm – EAN: 9782366245134
  • Parution: 4 novembre 2020
  • Prix: 22€
  • Disponible sur le site Internet : https://www.cambourakis.com/tout/bd/alexandra-kim-la-siberienne/

Description du livre

Tournant du XXe siècle. Du village coréen de Sibérie où elle est née, à Khabarovsk où elle a fondé pour Lénine le Comité populaire d’Extrême-Orient, Alexandra Kim (1885-1918) a consacré sa fulgurante existence à la défense des droits des travailleurs. Au péril de sa vie, cette révolutionnaire bolchevique coréenne se fit la caisse de résonance de la colère des prolétaires russes, coréens et chinois, constamment mis en danger par leurs conditions de travail. Militante politique convaincue, elle accomplissait chacune de ses actions avec une âme et une volonté qu’aucune force ne pouvait entraver.

Se mêlant au panorama d’une époque tumultueuse, d’une région poreuse, et d’une société sans pitié, le destin méconnu de cette femme fut de vivre sa vie selon un horizon où la liberté, comme les paysages, serait offerte à tous.

Mon opinion

La bande dessinée se base sur le roman de Jung Cheol-hoon, roman (ou plutôt nouvelle) sobrement intitulée Kim Alexandra, 『김알렉산드라』 dans la version originale, et parue en 2009.

Couverture de la nouvelle

Jung Cheol-hoon, dont le nom s’écrit 정철훈 ou encore avec les hanja (c’est-à-dire les caractères issus du chinois) 鄭 喆 熏, est un auteur sud-coréen né à la fin des années 1960. Après avoir complété des études en économies dans une université de Séoul, il a obtenu un doctorat en histoire dans une académie dépendant du Ministère des affaires étrangère russe.

Il commence sa carrière d’écrivain à la fin des années 1990, en publiant un recueil de poèmes. Il ne consacrera pas seulement une nouvelle à Alexandra Kim, écrivant également un essai sur sa vie (『김알렉산드라 평전』, non traduit). Il écrit également deux autres essais en lien avec la Russie, le premier sur l’Union soviétique (『소련은 살아 있다』 litt. L’Union soviétique est vivante, 1996, non traduit), et (『옐찐과 21세기 러시아』 litt. Eltsine[1] et la Russie du 21e siècle, 1997, non traduit).

Le scénario et les dessins sont, quant à eux, intégralement de la main de Keum Suk Gendry-Kim 김금숙. Cette dernière est née en Corée du Sud où elle a fait des études d’arts, qu’elle a ensuite poursuivies en France, à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg.

A la fin de ses études, elle vit quelques années à Paris, où elle travaille avec des maisons d’édition pour traduire des œuvres depuis le coréen.

En 2011, elle retourne s’installer en Corée et commence à explorer ses racines coréennes à travers des œuvres de bande dessinée. Sa première bande dessinée sort en 2012 : intitulée Le Chant de mon père, aux éditions Sarbacane, c’est un récit autobiographique sur l’exode rural de sa famille dans les années 1970.

Parmi ses œuvres, on peut en citer deux, au ton bien plus fictionnel : d’abord Jiseul, sortie aux éditions Sarbacanes en 2015 et qui traite du soulèvement de Jeju en 1948, et ensuite Les Mauvaises Herbes, aux éditions Delcourt (2018), qui raconte l’histoire d’une « femme de réconfort » pendant la Seconde guerre mondiale. Cette dernière œuvre lui vaudra d’ailleurs plusieurs prix.

Ces œuvres, qui ne sont que des exemples tirés de la bibliographie de l’auteur, indiquent clairement un certain intérêt pour les faits non seulement historiques, mais aussi bien souvent traumatiques.

D’un point de vue plus personnel, elle est mariée avec Loïc Gendry, traducteur et enseignant de français langue étrangère. Certains d’entre vous auront peut-être fait le lien : c’est justement le traducteur de la BD que je vous présente aujourd’hui.

Et justement, parlons-en de cette bande dessinée !

Elle paraît d’abord en coréen en avril 2020 (soit quelques mois avant l’édition française), sous le titre 『시베리아의 딸, 김알렉산드라』, que l’on pourrait traduire par « The daughter of Siberia, Kim Alexandra ».

Couverture de la BD en coréen

Elle raconte donc l’histoire d’Alexandra Kim, une révolutionnaire bolchévique d’origine coréenne dans l’Extrême-Orient russe à la veille de la chute de l’empire tsariste.

Personnellement, je connais relativement peu de choses concernant l’histoire de la Russie, en dehors de ce qu’on peut apprendre en cours d’histoire au collège et au lycée. Et je n’avais pas conscience que tant de Coréens avaient émigrés en Russie à la recherche de terres à cultiver.

Je ne m’attendais donc pas à apprendre que certains d’entre eux avaient pu jouer un rôle dans la révolution russe. La lecture de cette bande dessinée s’est donc avérée très instructive, même si les notes de bas de page ne suffisaient pas toujours à combler mes profondes lacunes sur le sujet.

Découvrir ainsi la vie d’Alexandra Kim m’a donné envie d’en apprendre plus sur elle, envie en partie assouvie grâce à la biographie, longue de trois pages, ajoutée à la fin de l’ouvrage. Mais j’aimerais beaucoup lire d’autres livres sur elle.

L’histoire est donc très intéressante, et les dessins sont vraiment magnifiques. J’aime beaucoup le style de l’autrice. Simple et épuré, il nous transporte efficacement dans les territoires enneigés de la Sibérie, aux côtés de cette militante inspirante, mais malgré tout méconnue.


[1] Fait référence à Boris Eltsine, un homme d’État russe, président de la Fédération de Russie de 1991 à 1999.

Emprunté auprès d’une amie en avril 2022 – Fiche rédigée le 04/05/2022

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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