Qui est le plus grand ?

  • Titre du livre: Qui est le plus grand ?
  • Auteur: HIGUCHI Ichiyô 樋口 一葉
  • Roman traduit du japonais par André GEYMOND
  • Éditeur: Picquier Poche
  • 120 pages – Format: poche – ISBN: 9782809711530
  • Parution: janvier 2016

Description du livre

Qui est le plus grand ?, appelé à devenir un classique de la littérature japonaise, est une des œuvres les plus attachantes de l’auteur (1872-1896), morte à vingt-quatre ans, qui traversa l’ère Meiji à la manière d’une étoile filante. Les personnages principaux sont des enfants qui font l’apprentissage de la vie dans le Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo (Tôkyô).

Mon opinion

HIGUCHI Ichiyô, de son vrai nom HIGUCHI Kitsuko, est une écrivaine japonaise du XIXe siècle. Bien qu’issue d’une classe sociale peu élevée, elle a eu la chance d’avoir un père dont les ambitions dépassaient son statut de paysan et qui s’est installé à Tokyo avec l’espoir d’élever leur rang social.

Témoignage flagrant de son succès, il a pu envoyer sa fille dans une école privée où elle découvrit le goût de la lecture. Après une interruption de plusieurs années au cours desquelles elle apprit à tenir une maison, elle intégra une école tenue par  la poétesse Nakajima Utako qui enseigne la poésie (l’art du waka: poème de 31 syllabes) et la littérature classique.

Malheureusement, alors qu’elle n’est âgée que de quinze ans, son frère aîné décède, suivit par son père deux ans plus tard. L’entreprise familiale fait alors faillite, et la famille, qui n’est plus constituée que de Kitsuko, sa jeune sœur et leur mère, se retrouve sans ressources.

Pour survivre, Kitsuko est obligée d’effectuer de petits travaux de couture et de blanchisserie, et commence à écrire des romans, dans l’espoir de gagner plus d’argent. Elle écrivit ainsi son premier roman à 20 ans, et prit le nom de plume de Ichiyô.

Elles finissent par s’installer dans un quarter pauvre de Tokyo, à proximité du quartier des plaisirs de Yoshiwara. Elles y tiendront brièvement une petite épicerie.

Malgré une carrière courte, ses quelques écrits lui valurent un grand succès, tant auprès de la critique que du grand public, et son talent la conduisit à être considérer comme la première femme écrivain professionnelle de la littérature moderne japonaise. Elle apparaît, à ce titre, sur le nouveau billet de 5 000 yens, mis en circulation le 1er novembre 2004, devenant ainsi la deuxième femme à figurer sur un billet de banque, après l’Impératrice Jingo en 1881.

billet de 5000 yens, figurant HIGUCHI Ichiyô

Kitsuko décède durant l’hiver 1896, des suites d’une tuberculose.

Son roman, Qui est le plus grand ?, たけくらべ Takekurabe en japonais, tient davantage de la nouvelle, avec ses seize courts chapitres. Sa publication dans la revue littéraire Mezamashi gusa (めさまし草) s’est échelonnée sur une période d’un an, entre janvier 1895 et janvier 1896.

Il faut savoir qu’il était très rare pour elle d’écrire ses textes en une seule fois, écrivant bien souvent plusieurs romans en même temps. Ainsi, Qui est le plus grand ? a été écrit en même temps que sept autres œuvres, qui sont considérées comme parmi les meilleures de sa production !

Qui est le plus grand ? suit, une année durant, la vie d’un groupe d’enfants qui vit non loin de Yoshiwara. Au fil des saisons, ils évoluent et grandissent : ils sont au seuil de l’âge adulte, et alors que les pages défilent, ils connaissent leurs derniers instants de plaisirs insouciants et d’amours enfantines.

La première chose que l’on remarque dans ce livre, c’est sa taille : il est extrêmement fin, ne fait que 120 pages. Mais sur ce nombre de pages, seulement 85 sont dédiées au texte lui- même, le reste étant consacré à l’introduction, ainsi qu’aux notes explicatives.

Mais il ne faut pas pour autant sous-estimer la qualité de la plume de HIGUCHI Ichiyô.

L’introduction apporte un éclairage intéressant à l’œuvre, explicitant certains aspects historiques, ainsi que le contexte dans lequel l’auteur a écrit. Il détaille cependant beaucoup le fil du récit, ce qui gâche un peu le plaisir de la lecture. Si ses propos restent intéressants, il m’aurait semblé préférable de les garder pour la fin.

Ce roman ne se lit pas pour son suspense – comme je l’ai dit dans le paragraphe précédent, l’introduction survole largement le livre et il n’y a donc pas de surprise particulière de ce point de vue là – mais davantage pour le portrait de la ville d’Edo du XIXe siècle (et plus particulièrement le quartier de Yoshiwara et les alentours) qu’il dresse tout en finesse.

C’est la vie quotidienne d’un quartier pauvre que l’on découvre alors au rythme des saisons et des célébrations, et c’est savoureux.

Acheté à la librairie Le Renard Doré durant l’été 2021 – Fiche rédigé le 05/11/2021

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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