- Titre du livre: Le Stradivarius de Goebbels
- Auteur: Yoann IACONO
- Éditeur: J’ai Lu
- 352 pages – ISBN: 9782290357569
- Parution: 4 janvier 2023
Description du livre
En 1943, au nom du rapprochement entre l’Allemagne nazie et l’empire du Japon, Joseph Goebbels offre un Stradivarius à Nejiko Suwa, une jeune virtuose japonaise venue étudier à Berlin. Un geste politique en forme de cadeau empoisonné : le violon a d’abord appartenu à un musicien juif assassiné et, hanté par son âme, il refuse de sonner. Sommée de jouer à travers l’Europe au nom de la propagande nazie, Nejiko répète nuit et jour pour s’approprier le Stradivarius, en vain.
Après-guerre, Félix Sitterlin est chargé par les autorités de la France libre de retrouver l’instrument confisqué. Mais son enquête se heurte bientôt à un autre mystère : celui de la personnalité de Nejiko qui, des années après, continue de se dérober à la vérité…
Mon opinion
Yoann Iacono est un auteur français. Né en 1980 à Bordeaux, aujourd’hui haut fonctionnaire et conseiller politique, son intérêt pour la musique lui vient très probablement de sa mère, mélomane, et de son père, saxophoniste amateur.
Son intérêt pour Nejiko Suwa naît en 2012, alors qu’il séjourne chez des amis musiciens à Tokyo. La violoniste s’éteint en mars cette année-là, à l’âge de 92 ans. Intrigué par son histoire, Yoann Iacono se lance dans une enquête qui dure plus de quatre ans, suivant la trace de la jeune femme en France, en Allemagne, aux États-Unis et au Japon. Ne parvenant pas à cerner sa personnalité, peu importe les documents et archives accumulées, il se décide à changer d’approche et de se tourner vers le roman historique. En se plongeant dans l’univers musical de Nejiko, il est finalement parvenu à la comprendre un peu mieux.
En se concentrant sur Nejiko et son violon, c’est en fait l’histoire de la spoliation des instruments de musique par les nazis qui est mise en avant. Le roman a d’ailleurs été salué par Pascale Bernheim, historienne et fondatrice de l’association Musique et Spoliation en charge de restituer les instruments de musique spoliés à leurs anciens propriétaires, qui y voit un moyen de médiatiser sa cause.
En outre, ce roman devrait faire l’objet d’une adaptation cinématographique, les droits ayant été rachetés par la société de production Sunday Films. Et Yoann Iacono devrait sortir un second roman dans un futur plus ou moins proche. Axé sur l’instrumentalisation de l’art par le politique, il portera sur une figure de la littérature russe, un poète révolutionnaire au destin assez tragique.
J’ai beaucoup aimé le sujet abordé dans Le Stradivarius de Goebbels. Si la Seconde Guerre mondiale est un sujet très abordé en Occident, en particulier lors des cours d’histoire au collège comme au lycée, il est plus rare de parler de l’implication du Japon auprès de l’Allemagne nazie. Tout au plus aborde-t-on la guerre du Pacifique qui oppose l’archipel aux États-Unis.
C’est donc une entrée dans l’Histoire comme on en voit trop peu à mon goût, et l’aborder sous l’angle de la musique est encore plus intéressant. J’ignorais tout de cet aspect. Évidemment, j’avais conscience que les possessions des personnes déportées étaient pillées, mais je ne me suis jamais vraiment penchée sur la question.
Cependant, si le sujet abordé m’a particulièrement plu, je dois avouer que j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. La psychologie de la jeune violoniste, Nejiko Suwa, est pourtant mise en avant et détaillée, mais cela ne m’a pas vraiment aidée.
Cela reste néanmoins un très bon roman, qui permet d’en apprendre plus sur les relations entre l’Allemagne et le Japon, mais également sur le Japon d’après-guerre, de façon plus ludique qu’un livre d’histoire.
Acheté à Cultura le 27/03/2023 – Fiche rédigée le 08/04/2023