Mizuhiki, un art traditionnel aussi symbolique de coloré

L’art du mizuhiki aurait été introduit pour la première fois au Japon en 607 de notre ère. Une délégation japonaise au retour de Chine aurait offert à l’empereur du Japon un cadeau, qui était décoré d’un nœud rouge et blanc qui symbolisait un voyage sûr. De là viendrait la tradition japonaise d’offrir des présents ornés d’un nœud en mizuhiki.

J’en ai entendu parler pour la première fois par les ateliers de @takamori_travel_official. Évidemment, je me suis vite rendue compte que j’avais déjà eu l’occasion d’en voir, notamment sur les jolies enveloppes japonaises du Nouvel an, mais je ne m’étais jamais vraiment intéressée au sujet.

Extrait du site de Takamori Travel

Outre les sumos, les samouraïs les utilisaient également pour s’attacher les cheveux lors des combats au XVIIe siècle.

Concernant les ateliers, j’ai malheureusement raté les précédents dédiés au mizuhiki, ne participant qu’au dernier. J’ai cependant eu l’occasion de créer une jolie petite grue, sous les instructions de Karasawa-dan. Ce n’était pas facile, mais j’ai quand même réussi ! Et avec les fils restants du kit (qui était très généreux en termes de quantité), j’essayerai de faire quelques nœuds simples à partir de tutos trouvés sur Internet, et des vidéos des ateliers précédents.

Voici le résultat de l’atelier :

Grue en mizuhiki

Passons maintenant au vif du sujet : qu’est-ce que le mizuhiki ?

Les mizuhiki sont de longs fils de soie assez rigides. Les couleurs des fils étaient traditionnellement rouges, blancs, dorés, et argentés, mais de nos jours, on peut en trouver de toutes les couleurs et dans des styles différents.

Exemples de fils mizuhiki (ceux-ci ont été fournis dans le kit de l’atelier)

Ils sont maintenant principalement utilisés comme décoration quand on offre de l’argent à quelqu’un lors d’évènements spéciaux comme la nouvelle année, ou pour en faire de petits accessoires.

Mizuhiki s’écrit en japonais 水引, ce qui signifie littéralement « conduire l’eau » : cela fait référence aux tuyaux. C’est un art japonais de création de volumes, c’est-à-dire qu’il permet de créer des modèles en trois dimensions, à base de cordelettes de papier tressé.

Il semblerait que les mizuhiki soient aujourd’hui parfois remplacés par des tuyaux en polyester, comme le scoubidou, certainement par commodité.

Il reprend l’art traditionnel des nœuds chinois mais comme pour tout ce qui arrive au Japon, il a bien sûr été adapté, et sert également à représenter des œuvres figuratives, ou est utilisé conjointement avec d’autres formes d’art comme la peinture ou les kanzashi, les ornements traditionnels japonais.

Les premières mentions des nœuds chinois 中国结 datent de la dynastie des Tang (618-907), mais c’est bien plus tard qu’ils seront popularisés, à partir de la dynastie des Ming (1368-1644), puis celle des Qing (1644-1911).

Mais selon des études archéologiques, l’art des nœuds chinois daterait de la préhistoire. Evidemment, difficile d’en trouver qui date de cette époque, car le fil ne se conserverait pas aussi longtemps, mais les archéologues ont découvert des aiguilles en os qui auraient pu servir à en fabriquer, ainsi que des représentations sur des bronzes, des sculptures et des peintures très anciennes.

De nos jours, le nœud chinois est souvent utilisé comme porte-bonheur.

Le fil est fabriqué à partir de papier japonais, du washi, que l’on torsade, puis enduit de colle pour le rendre plus solide. Il y a plusieurs méthodes pour le colorer : on peut simplement les peindre, les enrouler dans de minces brins de soie, leur appliquer un mince revêtement coloré, etc.

Les fils sont à la fois assez malléables pour créer des nœuds d’une grande finesse, et à la fois assez rigides pour garder leur forme.

Comme l’utilisation de mizuhiki dénote d’une certaine symbolique, on veille généralement à adapter la couleur selon des codes précis :

  • le blanc représente le soleil, et sa lumière contenant toutes les autres couleurs ;
  • le rouge représente l’aube et le sang, et la vie qui en découle ;
  • le noir représente le crépuscule, et l’attente de la réalisation des souhaits ;
  • l’or et l’argent, en tant que couleur de métaux précieux, représentent la richesse.

Ainsi pour un mariage, on peut utiliser des combinaisons comme or et blanc, ou encore or et rouge. Pour des condoléances, on pourra utiliser le blanc et le noir. Tout dépend du message que l’on souhaite faire passer.

En plus des couleurs, le type de nœud est également très important. Il en existe deux principaux : le musubu-kiri, un nœud difficile à démêler, et le cho-musubi, un nœud pouvant être noué et dénoué à plusieurs reprises. Et ici encore, il convient d’adapter le type de nœud utilisé en fonction des circonstances

Dans le cas de funérailles ou d’un mariage, on va exprimer notre souhait qu’il n’y ait pas d’autres décès dans la famille ou qu’il n’y ait pas de divorce (et donc de deuxième mariage) : on choisit donc un nœud difficile à défaire : le musubi-kiri.

Dans le cas d’une naissance, d’une promotion ou d’une remise de diplôme, c’est un évènement joyeux qu’on aimerait voir se reproduire, on va donc choisir un nœud qu’on peut faire et refaire plusieurs fois : le cho-musubi.

La forme créée varie également selon la signification désirée. Parmi les plus populaires, on retrouve notamment grue, poisson et tortue.

Avez-vous déjà eu l’occasion d’en faire, ou même d’en acheter ?

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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