Tokyo Express

  • Titre du livre: Tokyo Express
  • Auteur: MATSUMOTO Seichō
  • Traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle
  • Editeur: Philippe Picquier
  • 189 pages – Format: poche – ISBN: 9782877301886
  • Parution: 19 mai 1998
  • Prix: 7,10€

Description du livre

Un double suicide d’amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon.

Dans les bars de Tokyo, l’inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d’un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il a de curieux pressentiments devant un paysage de chiffres et apprend aussi la poésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer.

Tokyo Express est un des plus célèbres polars japonais contemporains. C’est ce livre qui consacrera en effet Matsumoto comme le meilleur écrivain de romans policiers du Japon. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires, il obtint un succès légendaire et sa réédition faisait de lui un des plus grands best sellers de l’après-guerre.

Mon opinion

Matsumoto Seichō (1909-1992) est un auteur prolifique : il aura écrit plus de 450 œuvres durant sa carrière, dont plusieurs ont été traduites en français. Il est particulièrement connu pour ses romans policiers, qui ont contribué à créer une nouvelle tradition dans le roman policier japonais et lui ont valu d’obtenir le titre de meilleur écrivain de ce style littéraire. Outre son habitude d’incorporer à l’intrigue de ses œuvres des éléments de la psychologie humaine et de la vie quotidienne, l’un des thèmes les plus récurrents est celui du train.

Matsumoto a reçu plusieurs prix littéraires au cours de sa carrière.

D’abord en 1952, où son livre 或る『小倉日記』伝 Aru “kokura nikki” den, qui ne bénéficie pas, à ma connaissance, de traduction française, reçoit le prix Akutagawa ; celui-ci récompense des nouvelles et des romans courts d’auteurs débutants, publiés dans des magazines et des journaux.

Cinq ans plus tard, c’est son recueil de nouvelle 顔 Kao, qui relate les investigations d’un détective, qui obtient les honneurs du prix des auteurs japonais de romans policiers. Ce prix est décerné tous les ans par les Mystery Writers of Japan, une association d’auteurs japonais de romans policiers dont Matsumoto a d’ailleurs fait partie de 1963 à 1971.

Enfin, le dernier est reçu en 1970 : il s’agit du prix Kan Kikuchi, qui récompensait initialement ce qui était considéré comme des réalisations exceptionnelles d’écrivains de plus de 46 ans. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le public concerné a été élargi au reste du monde artistique et culturel, récompensant à la fois des individus et des institutions. Matsumoto le reçoit pour son manuel 昭和史発掘 Shōwa-shi hakkutsu, une œuvre de non-fiction qui pourrait se traduire par « Excavation of Showa history ».

Tokyo Express, 点と線 Ten to sen en japonais, compte parmi les plus célèbres polars japonais du monde moderne. Initialement, il a été publié sous forme de feuilleton dans le magazine Tabi (voyage) entre février 1957 et janvier 1958. Son grand succès lui a permis d’être réédité au format de livre, qui se vendra à plusieurs millions d’exemplaires : cela lui a valu d’être un des plus grands bestsellers de l’après-guerre.

Ce polar relate l’enquête menée par Mihara, un inspecteur et adjoint au commissaire, venu de Tokyo, aidé d’un inspecteur local, Torigai. Sillonnant le territoire japonais grâce au très fiable réseau de chemins de fer, Mihara enquête sur un double suicide amoureux sur fond de corruption.

L’auteur garde avec brio son public en haleine, distillant les indices au fur et à mesure de l’enquête, nous permettant de tirer nos propres conclusions, en même temps que l’inspecteur. Et comme l’auteur le dit si bien : « De plus, nous sommes tous victimes de préjugés inconscients, et de ce fait, il nous arrive de passer sur certaines choses qui nous semble évidentes. C’est dangereux. Les préjugés faisant partie du domaine de l’inconscient, ils sont bien souvent source d’erreur. » L’inspecteur, plongé dans son enquête et guidé par son instinct, peut parfois manquer du recul nécessaire pour analyser certains détails, qui n’échapperont cependant pas à un lecteur attentif.

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce polar, ce n’est pas forcément la recherche du coupable, que les indices laissés par l’auteur permettent assez rapidement de suspecter, mais de réussir à comprendre et prouver comment le crime a pu se dérouler. Le suspect dispose en effet d’un alibi en béton, qui le rend presque insoupçonnable, mais cela n’empêchera pas Mihara de persévérer dans son enquête, soulevant chaque détail, doutant de tout et parfois même de lui-même.

Difficile de croire que tout cela aura été permis par la régularité presque sans faille des chemins de fer nippons sur laquelle l’intégralité de cette affaire repose. Nul doute que cela n’aurait pas été possible en France !

Je l’ai littéralement dévoré.

Je ne suis pas une grande habituée des polars, je lis plus facilement des thrillers qui prennent aux tripes et dont le suspens se ressent presque physiquement. Mais ce polar est tout simplement brillant, ce qui explique sans nul doute l’engouement qu’il a connu dès ses premiers pas sous forme de feuilleton en 1957.

Comme je le disais un peu plus haut, c’est la recherche des indices, les doutes et les spéculations qui font la grande force de cette enquête. Savoir que Matsumoto a fait des recherches approfondies des horaires des trains, qui correspondent en tout point aux véritables horaires de l’année 1957 est impressionnant.

On peut parfois se retrouver un peu perdu au milieu de tous ces horaires, numéros de trains et noms de lignes, mais dès lors que les informations s’accumulent un peu trop, Matsumoto prend le temps d’en faire une petite synthèse sous la forme d’un schéma (le même schéma que l’inspecteur Mihara note très certainement dans son calepin !) afin de permettre au lecteur de bien assimiler tous les faits.

Vous l’aurez compris, c’est un livre que je recommande à 100% !

Acheté à la librairie Compagnie (5e arr. Paris) le 28/08/2021 – Fiche rédigée le 20/09/2021

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

2 commentaires sur « Tokyo Express »

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