Un endroit discret

Couverture du livre 'Un endroit discret' de Matsumoto Seicho

  • Titre du livre: Un endroit discret
  • Auteur: Matsumoto Seichō
  • Traduit du japonais par Rose-Marie MAKINO et Yukari Kometani
  • Éditeur: Actes sud
  • 214 pages – ISBN : 9782742795369
  • Parution: 3 novembre 2010

Résumé du livre

Tsuneo Asai est en mission à Kôbe pour le compte du ministère de l’Agriculture lorsqu’il reçoit un coup de téléphone : son épouse est morte quelques heures plus tôt. Elle a succombé à une crise cardiaque tandis qu’elle se trouvait dans un magasin. Sous le choc, il décide de rentrer à Tôkyô par le premier train. Eiko avait le coeur fragile, il le savait, et la nouvelle de son décès ne l’a surpris qu’à demi. Les circonstances de sa mort, en revanche, ne laissent pas de l’étonner. Comment cette épouse docile, au caractère réservé, avec laquelle il menait une vie calme et sobre, qui ne s’absentait de la maison que deux ou trois après-midi par semaine pour aller à ses réunions de haïku, a-t-elle pu mourir dans une curieuse petite boutique de cosmétiques, dans un quartier où elle n’aurait jamais dû mettre les pieds ?

Quelques jours plus tard, il décide d’aller s’excuser auprès de la commerçante de la gêne occasionnée. Il découvre alors, non loin de là, la villa Tachibana, une maison de rendez-vous. Son trouble grandit. Peu à peu, d’infimes détails, de curieux haïkus publiés à la mémoire de son épouse dans la revue de son cercle littéraire, les confidences du personnel des “villas” sur les couples illégitimes qui les fréquentent, le convainquent que sa femme menait une double vie…

Dans ce roman écrit au début des années 1970, Seichô Matsumoto traque de l’intérieur un fonctionnaire appliqué brusquement débordé par un événement inattendu. Ce faisant, il nous donne à voir une société japonaise profondément ambivalente, à la fois pétrie de conventions et complice de ceux qui les ignorent.

Mon opinion

Portrait  de Matsumoto Seicho, auteur du roman policier 'Un endroit discret'
Seichō Matsumoto en 1955 (alors âgé de 46 ans) (domaine public source)

Matsumoto Seichō (1909-1992) est un auteur prolifique : il aura écrit plus de 450 œuvres durant sa carrière, dont plusieurs ont été traduites en français. Il est particulièrement connu pour ses romans policiers, qui ont contribué à créer une nouvelle tradition dans le roman policier japonais et lui ont valu d’obtenir le titre de meilleur écrivain de ce style littéraire. Outre son habitude d’incorporer à l’intrigue de ses œuvres des éléments de la psychologie humaine et de la vie quotidienne, l’un des thèmes les plus récurrents est celui du train.

Matsumoto a reçu plusieurs prix littéraires au cours de sa carrière.

D’abord en 1952, où son livre 或る『小倉日記』伝 Aru “kokura nikki” den, qui ne bénéficie pas, à ma connaissance, de traduction française, reçoit le prix Akutagawa ; celui-ci récompense des nouvelles et des romans courts d’auteurs débutants, publiés dans des magazines et des journaux.

Cinq ans plus tard, c’est son recueil de nouvelle 顔 Kao, qui relate les investigations d’un détective, qui obtient les honneurs du prix des auteurs japonais de romans policiers. Ce prix est décerné tous les ans par les Mystery Writers of Japan, une association d’auteurs japonais de romans policiers dont Matsumoto a d’ailleurs fait partie de 1963 à 1971.

Enfin, le dernier est reçu en 1970 : il s’agit du prix Kan Kikuchi, qui récompensait initialement ce qui était considéré comme des réalisations exceptionnelles d’écrivains de plus de 46 ans. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le public concerné a été élargi au reste du monde artistique et culturel, récompensant à la fois des individus et des institutions. Matsumoto le reçoit pour son manuel 昭和史発掘 Shōwa-shi hakkutsu, une œuvre de non-fiction qui pourrait se traduire par « Excavation of Showa history ».

Un endroit discret, 聞かなかった場所 en japonais, est publié en 1972. Il a fait l’objet de traductions en anglais (A Quiet Place, Bitter Lemon Press, 2016), en français et en italien (Un posto tranquillo, Adelphi, 2020).

Ce n’est pas le premier livre de Seichou Matsumoto que je lis : en février 2022, je vous présentais Tokyo Express (Editions Picquier, 1998), un des plus grands bestsellers de l’après-guerre, qui compte parmi les plus célèbres polars japonais du monde moderne. Et je l’avais adoré !

Retrouvez notre critique de Tokyo Express ici

Un endroit discret m’était inconnu, et je n’avais pas d’attentes particulières en le commençant, si ce n’est l’envie de lire un roman policier, et la certitude qu’un livre de Matsumoto ne manquerait pas de me divertir.

Dans un premier temps, ce n’était qu’une petite lecture comme ça, agréable, mais sans plus. Mais au fur et à mesure que l’intrigue se révélait, j’ai commencé à m’y intéresser de plus en plus. Au fil des pages, je me suis de plus en plus investie dans le récit, à tel point que certains jours, j’avais du mal à le laisser de côté avant d’aller dormir.

Au final, je dirais que c’est une très bonne découverte. Je n’aurais sans doute pas acheté ce livre de moi-même, ce qui m’aurait fait passer à côté d’une lecture très plaisante. Merci donc à cette amie qui me l’a offert !

Par ailleurs – et je l’ai déjà dit par le passé – j’apprécie particulièrement les polars japonais dans la mesure où l’intrigue policière n’est pas l’unique but du récit : ce n’est qu’un prétexte pour parler de la société.

Dans le cas de Un endroit discret, l’auteur livre un aperçu des codes qui régissent la société japonaise : les rapports hiérarchiques, les rapports dans la famille et dans le couple, tout est extrêmement codifié et rigide. Et c’est dans ce cadre que Tsuneo Asai, fonctionnaire et désormais veuf, cherche à découvrir la vérité sur le décès de son épouse.

Si l’enquête elle-même n’a rien d’atypique, tout l’intérêt tient à la façon Asai va devoir se dépatouiller au milieu des conventions sociales pour apprendre la vérité. 

Offert par une amie – Fiche rédigée le 24/03/2023

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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