- Titre du livre: Un moment à Pékin – Enfances chinoises
- Auteur: LIN Yutang
- Éditeur: Philippe Picquier
- 609 pages – ISBN: 9782877309950
- Parution: 25 janvier 2008
Résumé du livre
Ce livre a le charme des grandes fresques romanesques, où la toile de fond historique alimente les péripéties de clans familiaux. Il a aussi l’attrait plus subtil de ces romans qui, à petits points, savent restituer le dessin sensible d’une époque et nous font pénétrer dans l’intimité des désirs et des émotions qui sous-tendent les comportements.
Nous sommes en 1900 : chassé par les troubles de la révolte des Boxers, M. Yao, riche commerçant, épris de taoïsme et de libre pensée, quitte Pékin avec femme, enfants et serviteurs.
Au cours du voyage, Moulane, sa deuxième fille âgée de dix ans, disparaît, enlevée par des voleurs d’enfants. Ainsi débute l’histoire de la famille Yao, liée à celle de M. Tseng, un confucianiste à l’ancienne mode.
Relations entre générations, de maîtresses à servantes, amours interdites et mariages de raison, le lecteur se laisse emporter par la destinée de ces familles à un moment où l’ancienne Chine bascule vers la modernité.
Lin Yutang, qui souhaitait tant faire connaître la vie et la culture de ses compatriotes aux Occidentaux, choisit ce moment clé du passage de la tradition aux idées nouvelles : mais en dépit des conflits, son roman, centré sur les femmes, respire un optimisme et un bonheur de vivre qui le rendent très attachant.
Mon opinion

LIN Yutang est un écrivain et un inventeur chinois du XXe siècle. Décédé au milieu des années 1970, il a participé à la diffusion des classiques chinois en Occident. Il a fait une partie de ses études à Harvard et à Leipzig (Allemagne), et a enseigné la littérature anglaise dans la prestigieuse université de Pékin durant quelques années.
Au début des années 1930, il part s’installer aux États-Unis, même s’il possède également une résidence à Taïwan. Il sera d’ailleurs inhumé près de Taipei.
Il commence sa carrière littéraire après son arrivée en Amérique, et écrira d’ailleurs exclusivement en anglais.
Ses deux premiers livres, My Country and My People (1935, non traduit) et L’Importance de Vivre (Éditions Picquier, 1937), lui valent un succès immédiat. Mais son roman le plus connu reste Un moment à Pékin (1939), qui est composé de deux parties : Enfances chinoises et Le triomphe de la vie.
Un moment à Pékin a été traduit en chinois à plusieurs reprises, notamment à Taïwan en 1977 par Zhang Zhenyu. Une édition expurgée est disponible en Chine continentale depuis 1987.
Outre sa carrière littéraire, il a travaillé sur la romanisation du chinois, en créant un système d’indexation des caractères chinois et en inventant une machine à écrire adaptée à l’écriture chinoise. Il rédigea également un dictionnaire chinois-anglais, paru en 1972.
Un moment à Pékin, Enfances chinoises était sur ma liste depuis que je l’ai vu sur les étagères de la médiathèque. Non seulement c’est un bon morceau (plus de 600 pages !), mais en plus, ce n’est que la première partie d’Un moment à Pékin. Nul besoin de préciser que j’emprunterai la suite à mon prochain passage.
Le seul défaut que je lui trouve provient de la traduction, et s’avère en réalité relevé d’un parti-pris de la maison d’éditions somme toute justifié : cette dernière a décidé de reprendre la traduction de François Fosca, qui date de 1944, presque contemporaine de la parution originale du roman.
En quoi est-ce un problème ?
Les noms chinois de lieux et de personnes sont transcrits à l’ancienne, ce qui offre certes un certain charme à la lecture, mais peut parfois être un peu désagréable lorsque l’on ne maîtrise que les transcriptions modernes.
Mais hormis ce petit point, qui n’est pas un réel défaut d’ailleurs, je n’ai absolument rien à redire.
Comme indiqué dans le résumé, c’est une grande fresque romanesque qui suit plusieurs familles chinoises depuis la Révolte des Boxers qui débute en 1899. Le premier volume, Enfances chinoises, couvre un peu moins d’une décennie, ce qui livre un panorama de la société chinoise, et en particulier pékinoise, très détaillé.
Les familles suivies appartiennent pour la plupart à l’élite. Considérées comme riches, voire très riches, elles ont des connaissances jusqu’à la cour impériale, et pratiquent, pour la plupart, assidument le confucianisme, comme il était de mise à l’époque. La seule exception est M. Yao, le père du personnage principal, qui pratique le taoïsme, un autre courant de pensée très répandu en Chine.
On y voit les différentes familles interagirent entre elles et avec le reste de la société, gérer leurs affaires familiales comme professionnelles, etc. Plusieurs mariages sont également organisés, dans la plus stricte tradition.
Ainsi, le roman n’offre pas seulement une lecture agréable ou un moment d’évasion dans la Chine du siècle dernier, mais constitue également une source de connaissance d’une très grande richesse.
Que vous soyez familier ou non de la Chine, de sa société ou de son histoire, je ne saurais que trop vous en conseiller la lecture. Vous ne serez pas déçus !
Un petit conseil cependant : si vous souhaitez garder la surprise des différentes alliances nouées au fil du récit, ne consultez pas la rubrique personnage au début du livre ! Les liens de parentés, et surtout ceux des mariages y sont indiqués.
Emprunté en médiathèque en août 2022 – Fiche rédigée le 04/09/2022