- Titre du livre: Quartier lointain
- Auteur: TANIGUCHI Jirō
- Traduit par SEKIZUMI Kaoru, Adapté par Frédéric BOILET
- Editeur: Casterman
- 495 pages – EAN : 9782203396449
- Parution: 15 novembre 2006
Description du livre
Présentation par Jaco Van Dormael
Homme mûr de 40 ans, transporté dans la peau de l’adolescent qu’il était à 14 ans, Hiroshi continue la redécouverte de son passé. Questionnant sa grand-mère, ses parents, ses amis, il réalise tout ce qui lui avait échappé lorsqu’il était jeune. Et petit à petit, l’année scolaire avançant, il voit se rapprocher la date fatidique où son père disparaîtra, pour toujours, sans aucune explication. Peut-il changer son passé ou est-il condamné à le revivre, impuissant ? Et retrouvera-t-il son existence normale, sa femme et ses enfants ?
A propos de l’auteur
Taniguchi Jirō est un auteur japonais de mangas seinen, catégorie de mangas généralement destinés aux adultes et en particulier aux jeunes hommes, et gekiga, catégorie de mangas publiés dans les années 1960/1970 et qui abordent des sujets graves destinés aux adultes.
Né à la fin des années 1940 dans une famille pauvre, il s’intéresse aux livres et au dessin dès son plus jeune âge, et c’est à l’âge de 22 ans qu’il décide de devenir mangaka. Il commence d’abord par assister d’autres mangakas, comme Ishikawa Kyūta et Kamimura Kazuo, et publie sa première bande dessinée en 1970.
C’est à peu près à cette époque qu’il découvre la bande dessinée européenne, alors inconnue au Japon. Il en sera fortement influencé.
Il prend son indépendance à la fin des années 1970/ début des années 1980, et se met à publier des mangas aux styles variés. Parmi sa longue liste d’œuvres, un certain nombre fait l’objet d’une traduction française. C’est par exemple le cas de Au temps de Botchan, une fresque en cinq volumes évoquant l’ère Meiji et ses écrivains, parue entre 1987 et 1996 (Le Seuil, 2002-2006, Casterman, 2011-2013) ; Le Gourmet solitaire, un manga « tranche de vie » centré sur la nourriture, paru en 1994/1995 (Casterman, 2005) ; ou encore Les Années douces, adapté du roman de Kawakami Hiromi, paru en 2008 (Casterman, 2010-2011).
Souffrant d’une longue maladie, il décède en 2017, à l’âge de 69 ans. Il laisse derrière lui une œuvre inachevée, La Forêt millénaire, disponible aux éditions Rue de Sèvres (2017).
A propos du livre
Quartier lointain est, à l’origine, une série de deux tomes, publiés au Japon à partir de 1998. Le premier est adapté et publié en France en 2002 aux éditions Casterman, suivi du deuxième tome l’année suivante. Un coffret comportant les deux tomes est alors édité par Casterman, avant qu’une édition intégrale sorte fin 2006.
Preuve de son succès, Quartier lointain a été plusieurs fois primés.
Peu après sa sortie en 1998, il reçoit le prix d’Excellence (catégorie manga) du Festival des arts médias de l’Agence pour les affaires culturelles au Japon. Son succès dans son pays natal est cependant assez limité. Il faudra attendre l’adaptation en série télé de son Gourmet solitaire pour susciter l’intérêt au Japon.
En Europe cependant, l’intérêt du public et les récompenses sont au rendez-vous, et il reçoit, entre autres, le prix Micheluzzi du meilleur album en 2001 en Italie, le prix du scénario au Festival d’Angoulême (France) en 2003, et le prix Max et Moritz en 2008 en Allemagne. Taniguchi Jirō lui-même s’étonne de l’accueil chaleureux de ses œuvres en France.
Quartier lointain a même fait l’objet d’adaptations, au théâtre en 2009 et au cinéma en 2010.
La pièce de théâtre a été adaptée et mise en scène par le comédien et metteur en scène suisse Dorian Rossel. Elle a été jouée dans plusieurs villes de Suisses et de France, de 2009 à 2013.
Le film, réalisé par le réalisateur et scénariste belge Sam Garbarski, a fait l’objet d’une réécriture par Jérôme Tonnerre et Philippe Blasband afin d’adapter l’histoire à la culture européenne. Car contrairement au manga, l’action se déroule en France, dans la ville de Nantua (département de l’Ain), et le héros s’appelle Thomas. Cela ne s’est cependant pas fait sans consultation de l’auteur, Taniguchi Jirō, qui fait même une apparition dans le film !
A la sortie du film, une édition spéciale de l’intégrale est proposée avec un livret dédié au film. L’éditeur sort même un carnet de notes vierge comportant des illustrations et des citations du manga et du film.
Mon opinion
Cet été, j’ai passé quelques jours chez des amis. Nous partageons l’amour des livres, mais lisons rarement les mêmes, ayant tous des centres d’intérêt différents. Lors de mon séjour, ils m’ont suggéré deux livres de leur bibliothèque : NonNonBâ et Quartier lointain.
Retrouvez ici ma critique littéraire de NonNonBâ !
Aucun de ces livres ne remplissait le critère esthétique (tout à fait personnel) que je recherche habituellement lorsque je lis un manga. Si NonNonBâ cochait au moins quelques cases avec ses histoires de yokai et sa représentation de la vie quotidienne du Japon rural dans les années 1930, ce n’était pas le cas de Quartier lointain.
Ainsi, je n’étais, de prime abord, vraiment pas certaine d’aimer ce livre.
Mais à ma grande surprise, je me suis très rapidement retrouvée entraînée dans l’histoire. Ayant peu de temps pour le lire, je me suis immédiatement immergée dedans, et tant l’histoire que le style graphique m’ont conquise.
L’équilibre entre la narration et les illustrations octroie à ce récit introspectif une grande douceur. La nostalgie ressentie par le personnage principal est parfaitement perceptible et pousse le lecteur à se questionner sur lui-même et sur ce qu’il ferait s’il avait la possibilité de revivre sa vie d’adolescent avec ses yeux d’adulte.
Au fil des pages, on peut sentir le chemin parcouru par le personnage et son évolution. Certains éléments sont explicites, tandis que d’autres sont simplement suggérés, offrant ainsi la place à l’interprétation.
J’ai trouvé ce récit très beau et poétique, et ne peut que le recommander !
Emprunt auprès d’une amie en juillet 2023 – Critique rédigée le 27/08/2023
Un avis sur « Quartier lointain »