NonNonBâ

  • Titre du livre: NonNonBâ
  • Auteur: MIZUKI Shigeru
  • Éditeur: Cornélius
  • 420 pages – ISBN : 9782915492255
  • Parution: 12 mars 2007 (édition originale: 1977)

Résumé du livre

NonNonBâ, une vieille dame mystique et superstitieuse qui aime à raconter des légendes étranges, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. L’imaginaire déjà débordant du garçon s’en retrouve décuplé. Les histoires de fantômes et de yokai* deviennent son univers quotidien et prennent le pas sur la réalité. Bien sûr, ce deuxième monde chasse l’ennui du premier, mais en contrepartie, il complique tout : il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier, sans qu’en plus des petits monstres bizarres viennent s’en mêler…

*selon la mythologie animiste japonaise, toute chose a une âme, et le yokai en est la monstrueuse incarnation.

Largement autobiographique, NonNonBâ conjugue récits intimistes et ambiances oniriques et peut être lu par tous les publics.

A propos de l’auteur

Shigeru Mizuki, de son vrai nom Shigeru Mura (Shigeru étant le prénom), est un mangaka japonais est né en 1922.

Second fils d’une fratrie de trois garçons, il est sensibilisé aux histoires de créatures surnaturelles par une femme surnommée NonNonBâ, qui travaille dans sa famille comme femme de ménage. Très tôt, il se met au dessin, et illustre ces histoires.

En 1942, alors qu’il a 20 ans, il est enrôlé dans l’armée japonaise impériale et en Nouvelle-Guinée. Cette expérience le marquera profondément. Il perd son bras gauche (son bras dominant) lors d’un bombardement, et contracte la malaria. Fait prisonnier de guerre, il reste en Nouvelle-Guinée et tisse des liens avec une tribu locale, les Tolai, qui lui offre une terre, un domicile et la citoyenneté grâce à un mariage avec une femme locale.

Cependant, culpabilisé par un médecin militaire japonais, il retourne à contre-cœur au Japon, afin de recevoir un traitement approprié pour son bras et retrouver sa famille.

Ce n’est que vers le milieu des années 1950 qu’il surmonte le traumatisme de la guerre et renoue avec le dessin. Il publie son premier manga, Rocketman, en 1957.

Son expérience de la guerre a fait de lui un pacifiste, et cela se retrouve dans ses œuvres. Ainsi, le thème militaire revient fréquemment, et il publie par exemple en 1991 une œuvre courte intitulée War and Japan (Guerre et Japon), détaillant les atrocités commises par l’armée japonaise pendant son incursion en Chine et en Corée.

Auteur prolifique, ces œuvres sont traduites dans différentes langues, et il a reçu de nombreux prix et récompenses à travers le monde.

Il décède en 2015, à l’âge de 93 ans.

Mon opinion

NonNonBâ est un manga autobiographique, qui retrace une partie de son enfance. Publié en 1977 dans son pays d’origine, il fait l’objet d’une traduction française tardive, qui sort en 2006 aux éditions Cornélius.

Preuve de son succès immédiat, il reçoit le prix du meilleur album lors du Festival d’Angoulême l’année suivante.

Ce manga n’est vraiment pas récent, et avant de l’avoir entre les mains, je n’en connaissais pas du tout l’existence. Alors en vacances chez des amis, nous discutions religion, et en particulier la façon dont elle est enseignée dans les écoles françaises (publiques et privées). Comment cette discussion a dérivé jusqu’au shinto, je n’en ai aucune idée. Plus familière du sujet que les autres, je leur en ai expliqué les bases.

Retrouvez ici notre article sur le shinto !

De fil en aiguille, cela a dérivé sur les croyances populaires japonaises et la façon dont elles s’ancrent dans la vie quotidienne. Et alors que je mentionnais les yokai, ces créatures surnaturelles omniprésentes dans le folklore japonais, mon hôte s’est souvenue qu’elle avait justement un manga qui en traitait et me l’a prêté.

Bien que ce soit un gros pavé (très loin de l’image du volume de poche que l’on a généralement du manga), il se lit extrêmement vite. Les dessins sont relativement simples et, si de façon générale, j’apporte une grande attention à leur esthétique, j’ai trouvé que leur simplicité était une qualité en soi. J’ai particulièrement aimé la façon dont NonNonBâ est représentée avec ses grands yeux ronds et ses rides.

Niveau contenu, j’ai été agréablement surprise.

L’auteur parvient à livrer quantité d’informations, certaines annoncées clairement par les dialogues, et d’autres plus implicites qui nécessitent une connaissance plus ou moins poussées du Japon pour les saisir. Heureusement, l’éditeur a pris soin de les annoter en fin de livre, permettant à tous d’en apprécier toutes les subtilités.

L’histoire se déroulant dans un petit village au début des années 1930, une partie non négligeable des informations concerne la vie à cette époque. L’histoire, la culture, mais aussi la société et ses mœurs sont à l’honneur.

De plus, NonNonBâ est une spécialiste des esprits, elle délivre donc des informations à ce sujet tout au long du livre : les différents yokai se succèdent, certains étant plus ou moins récurrents dans le récit. On apprend à les reconnaître (même s’ils ne sont généralement pas visibles !), et aussi comment leur échapper.

J’avais déjà effleuré le sujet des yokai lors de la lecture du Livre du Hakutaku de Matthew Meyer (Nuinui Editions, 2020), sans avoir eu le temps d’approfondir grâce ses autres livres, dont notamment Yokai – La parade nocturne des 100 démons (Nuinui Editions, 2020).

Retrouvez ici ma critique littéraire du Livre du Hakutaku !

Ce manga m’a donc permis d’en apprendre plus !

Si j’avais eu plus de temps (je ne restais que quelques jours chez mes amis et ne pouvais pas emmener le livre), j’aurais aimé m’y attarder davantage, que ce soit pour les dessins ou toutes les connaissances qui y sont dissimulées.

Je lis assez rarement de bandes dessinées ou de mangas. J’ai eu une période où je consommais beaucoup de cette deuxième catégorie, mais lisant très vite, ce n’était pas un passe-temps très économique. Ce petit « retour aux sources » m’a fait beaucoup de bien, et m’a donné envie de m’intéresser à nouveau davantage à cette catégorie de livres.

Emprunt auprès d’une amie en juin 2023 – Critique rédigée le 08/07/2023

Publié par Meana

Passionnée par les pays d’Asie du Sud-Est et leur culture depuis plus de 15 ans, j’ai voyagé en Chine, Corée du Sud, Japon et Taïwan. J’ai même vécu un an à Pékin ! Je m’intéresse particulièrement à la portée historique des lieux et concepts, et aux habitudes de vie asiatiques.

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