Avant de devenir la médecine que nous connaissons de nos jours, celle-ci a connu de nombreuses évolutions, que ce soit dans le domaine scientifique ou dans les techniques.
En Occident ou en Orient, celle-ci a connu un changement permanent, mais un point commun est tout de même présent : l’utilisation de plantes ou encore d’éléments naturels.
Autrefois, en Occident, les médecins utilisaient différentes plantes, mais également des animaux tels que les sangsues, avant que ces techniques soient supprimées de l’utilisation quotidienne.
En Asie, l’utilisation de plantes et techniques anciennes peuvent encore être utilisées de nos jours, en revanche, elles ne sont pas forcément reconnues comme étant des pratiques non conventionnelles.
Néanmoins, d’après le plan stratégique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) 2014 – 2023, il est possible de déterminer que la médecine traditionnelle et la médecine chinoise sont de plus en plus demandées dans de nombreux pays et reconnues comme un socle des connaissances initiales et comme un moyen complémentaire pour accompagner les patients.
Par ailleurs, il est important de noter la définition de la médecine traditionnelle selon l’OMS :
La médecine traditionnelle est très ancienne. C’est la somme de toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur les théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, qu’elles soient explicables ou non, et qui sont utilisées dans la préservation de la santé, ainsi que dans la prévention, le diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques ou mentales.
Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle – 2014 – 2023
Après avoir introduit la médecine traditionnelle et sa définition, cet article se concentrera sur la médecine de trois pays : la Chine, le Japon et la Corée.
La médecine traditionnelle en Chine
À ce jour, il existe deux types de médecine traditionnelle chinoise : une première consacrée aux recettes familiales et des communautés rurales, une seconde recoupant pratiques magiques et religieuses regroupant des racines issues du chamanisme, du taoïsme et du bouddhisme.
Cependant, lorsque la médecine chinoise est abordée, il s’agit d’une médecine s’établissant sur un corpus littéraire et s’exprimant par des médecins fonctionnaires, aussi appelés mandarins.
Pour le corpus littéraire, trois ouvrages sont à prendre en comptes :
- Le Yì Jīng (易經), traduit comme le Livre des Mutations, et considéré comme l’ouvrage le plus ancien de la civilisation chinoise, dont on attribue la rédaction aux Trois Augustes et aux Cinq Empereurs et plus particulière de Fúxī (伏羲) ;
- Le Běncǎo Jīng (本草經), traduit comme le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste et considéré comme le premier ouvrage traitant des drogues médicinales, dont on attribue la rédaction à Shénnóng (神農) ;
- Le Nei Jīng (内经), traduit comme le Classique interne de l’empereur Jaune et considéré comme le plus ancien ouvrage dédié à la médecine chinoise, dont on attribue la rédaction à l’Empereur Jaune (Huángdì 黄帝).

Source : Domaine public
Les Trois Augustes et les Cinq Empereurs (三皇五帝 sān huáng wǔ dì) sont les dieux et rois légendaires qui auraient régné en Chine avant la dynastie Xia (-IXᵉ/-VIᵉ siècle avant Jésus-Christ). D’après les légendes, le monde chinois concentre trois ancêtres, aussi appelés les trois augustes :
Fúxī (伏羲) possédait une tête humaine, un corps animal et une queue de serpent. Il est considéré comme celui ayant inventé les fondements de l’écriture chinoise, le calendrier, l’utilisation des métaux et aurait organisé l’élevage, la pêche ou encore l’architecture. Il pourrait de prendre l’apparence d’un homme, d’un serpent, d’une torture et d’un dragon.
Nǚwā (女媧/女娲), sœur de Fúxī, serait celle qui a réparé le Ciel après la guerre opposant Gònggōng (共工), dieu des eaux et Zhùróng (祝融), dieu du feu. Elle serait celle qui a créé l’humanité en modelant des statuettes d’argile. Elle serait capable de prendre toutes les apparences possibles.
Shénnóng (神農 / 神农) est surnommé le Divin Laboureur et serait celui ayant inventé l’agriculture/la charrue et aurait découvert les plantes médicinales et le thé (-2820/-2798).
Pour les cinq Empereurs, il s’agit des cinq empereurs considérés comme ayant une morale absolue et irréprochable qui sont Huángdì (黄帝) (-2698/-2597), le plus connu de tous, et auteur de l’administration chinoise, l’écriture ou encore l’acupuncture, Zhuanxu (颛顼) (-2597/-2435), Ku (帝喾) (-2435/-2357), Yáo (堯/尧) (-2357/-2255) et Shùn (舜) (-2255/-2205).
Sans entrer dans les détails historiques ni l’évolution et l’expansion de la médecine chinoise sur le territoire chinois, l’article va traiter des bases fondamentales et des différentes pratiques de la médecine chinoise. Bien entendu, certains noms et bases historiques seront apportés lorsque ces éléments seront mentionnés.
Les bases théoriques de la médecine chinoise
D’un point de vue philosophique…
Dans un premier temps, il est important de s’éloigner des textes connus en Occident et qui sont par conséquent extérieurs et éloignés du grec ancien. Pour la médecine chinoise, il est difficile d’isoler les aspects scientifiques, philosophiques, religieux ou encore littéraires.
La pensée chinoise ne se veut pas comme un discours visant à répandre ni de dégager des vérités immuables ou absolues et abstraites, mais des éléments qui conviennent à des situations concrètes.
La pensée chinoise ne procède pas tant de manière linéaire ou dialectique qu’en spirale. Elle cerne son propos, non pas une fois pour toutes par un ensemble de définitions, mais en décrivant autour de lui des cercles de plus en plus serrés.
Anne Cheng, La pensée chinoise.
Il est à rappeler que les principales philosophies qui imprègnent la médecine chinoise sont le taoïsme par son approche et sa philosophie de la nature, le confucianisme par sa morale et sa politique, le mohisme par sa logique et désignation des noms, le légisme par ses normes et sa standardisation ou encore par le néo-confucianisme par sa synthèse et sa réaction avec le taoïsme et le bouddhisme.
Ainsi, sa philosophie et son approche de la nature, descendant directement du taoïsme, est ce qui fait la spécificité de la médecine chinoise en s’appuyant sur un ordre avec ses propres notions qui sont les suivantes :
- le Tao, considéré comme la voie ou le processus ordonné et harmonieux de l’univers ;
- Le Qi considéré comme la force ou le souffle animant les êtres et les choses apparentés ;
- Le Yin et le Yang considérés comme le symbole de la bipolarité par son alternance et la succession des contraires des choses ;
- Le Wuxing considéré comme les cinq phases, qualité de mouvements qui sont emblématiques des mutations et changements de l’univers ainsi que de leurs interactions.
Pour résumer, les phénomènes naturels ne sont presque jamais le résultat d’actions mécaniques, mais il s’agit d’une résonance par influence à distance entre le monde (Ciel et Terre) et la société (l’Homme).
Pour y parvenir, il faut un ordre naturel qui permet directement de gouverner un pays ou encore de soigner une maladie. Cela permet de fonder des actions sur l’accord des cycles cosmiques afin de faire régner une harmonie spontanée.
Ce processus assure ainsi de faire de la médecine chinoise une médecine de “prévention” qui s’adapte aux changements cycliques du monde.
…avec son propre rapport au corps…
Chaque civilisation, en plus de posséder sa propre philosophie, elle possède aussi de son propre rapport au corps. Par conséquent, dans la civilisation chinoise, le corps s’inscrit entre le Ciel et la Terre, représentant un microcosme dans un macrocosme relié par des liens. La civilisation chinoise considère que tous les savoirs sont emboités par analogie, et la société, l’homme ou encore le monde sont l’objet d’un savoir global.
Le Ciel est rond, la Terre est carrée et l’Homme se définit par sa droiture reposant sur Terre (pieds carrés) et tendue vers le Ciel (tête ronde). L’Homme est coupable ou malheureux de cesser de lever la tête. Son étiquette ou encore la tenue du corps sont garantes de l’ordre social, l’ordre moral ou encore l’ordre cosmique. C’est cet emboitement qui est vu comme primordial pour les Chinois.
L’anatomie et la physiologie ne sont pas considérées comme des disciplines dissociées, mais bien comme un tout relié par des analogies avec les éléments de l’univers.
Dans la médecine traditionnelle chinoise tout est ainsi lié à la nature. Les vaisseaux et les conduits du corps sont liés aux eaux, aux fleuves et le squelette est semblable aux chaînes montagneuses. Les organes représentent les quatre mers, d’autres sont les cinq mouvements cosmiques et les réceptacles des souffles cosmiques. Une logique arithmétique est reflétée par le corps, identique à celle organisant le temps et le calendrier chinois. Les quatre membres sont les quatre saisons, les douze articulations les mois et les 360 petites sont les jours de l’année. Le cœur (l’organe) est en relation directe avec la Grande Ourse et ses sept orifices correspondent à une des sept étoiles de cette constellation.
Les Chinois considèrent qu’un individu possède un corps animé par un souffle Qi. Il en existerait trois types : l’énergie nourricière et profonde apportée par l’alimentation et la respiration, l’énergie défensive superficielle contre les agressions et variations externes et enfin l’énergie ancestrale qui provient des parents et dont l’épuisement est manifesté par la vieillesse. De plus, chaque organe possède son propre Qi alimenté par un esprit particulier et se régissant entre eux.
L’ensemble du corps et son fonctionnement est relié par un système canalaire emprunté par les souffles, le sang, liquides et principes dont une circulation équilibrée assure la santé. Ce système est aussi connu sous le terme de théorie des méridiens. Il a la particularité d’avoir une idée d’une circulation interne sans fin de sang et de souffle.
…et son rapport à la maladie.
Dans la Chine ancienne, les conceptions de la maladie sont constituées par l’accumulation successive. Elle peut être une pathologie issue du Qi ou encore un déséquilibre du Yin-Yang.
Ces déséquilibres sont sujets aux influences externes que ce soit pour l’aspect climatique ou par des influences internes par les émotions.
L’examen clinique en médecine traditionnelle chinoise s’appuie sur la vision, l’écoute, l’interrogation ainsi que par la palpation. Les mandarins ne cherchent pas que des signes de lésion, mais également des symptômes spontanés de changement. L’examen se concentre sur le teint, l’esprit de même que la respiration de l’individu malade avant de se tourner vers le visage, et plus particulièrement les yeux et la langue.
Concernant l’écoute, elle est réalisée à distance, le médecin va analyser la toux, les pleurs, le rire, les gémissements, voire l’ensemble des sons que produit une personne malade. Pendant cet examen, l’odorat du médecin va aussi avoir son importance pour déceler les odeurs.
Après avoir été interrogé, le mandarin va achever son diagnostic par un examen externe. Il s’appuie alors sur la palpation de l’abdomen et sur les différents points méridiens et d’acupuncture afin de déterminer les différents, comptabilisés de 12 à 14 juste aux poignets. Néanmoins, pour les femmes, en Chine antique, l’examen se pratique sur des poupées médicales, les médecins n’ayant pas le droit d’entrer en contact avec le corps d’une femme.
Le diagnostic posé, le médecin réalise son pronostic en classant les symptômes. Par le recueil des symptômes, les aspects pathologiques sont ensuite divisés en quatre couples contraires : le yin/le yang, le dessus/dedans, le chaud/le froid et enfin le vide/le plein.
Ces symptômes sont ensuite caractérisés par la gravité, la localisation ainsi que par la capacité de défense. La médecine chinoise utilise régulièrement la métaphore de l’arbre avec la maladie. Les symptômes apparents représentent les branches sous lesquelles il est possible d’apercevoir le tronc jusqu’aux racines.
Différentes indications sont alors présentées : la sudation, l’expectoration, l’évacuation, le réchauffement, la dispersion, la tonification, la dissolution ou encore l’harmonisation.
Les pratiques courantes de la médecine chinoise

La pharmacopée
中藥 – Zhōngyào
La pharmacopée est l’une des branches de la médecine traditionnelle chinoise. Elle est composée de nombreux produits, que ce soit des plantes médicinales (racines, plantes, graines ou encore champignons) utilisées seules ou en mélanges, ou encore des décoctions pouvant intégrer des extraits animaux (voire humaines) ou minéraux.
Le premier ouvrage mentionnant cette pharmacopée est le Shénnóng Běncǎo Jīng.
La pharmacopée chinoise contiendrait des milliers de plantes, décotions ou encore poudres. Elle a toujours joué un rôle important dans la médecine chinoise. De nos jours, il est aussi possible de retrouver cette pharmacopée dans la cuisine chinoise à travers ses différentes saveurs.

L’acupuncture
针灸 – zhēnjiǔ
L’acupuncture est établie sur le savoir scientifique. Elle consiste à stimuler des zones précises sur l’épiderme appelés “les points d’acupunctures”. Elle est majoritairement pratiquée par le biais d’aiguilles, mais d’autres moyens peuvent être utilisées (mécaniques, électriques, magnétiques, thermiques ou encore lumineux).
Néanmoins, comme toute médecine, des risques existent, et notamment la transmission d’agents pathogènes si la stérilisation est insuffisante.
Cette pratique est réalisée depuis plusieurs millénaires en Asie et a eu un succès fluctuant tout au long du temps. L’acupuncture ne dispose pas d’intérêt uniquement la médecine, mais également d’autres domaines tels que l’anthropologie, l’histoire des sciences, l’épistémologie ou encore la sociologie. Depuis le 16 novembre 2010, cette pratique est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

La moxibustion
针灸 – zhēnjiǔ
La moxibustion accompagne très souvent l’acupuncture. Il s’agit d’une technique de stimulation par la chaleur des points d’acupuncture. Le moxa représente l’objet chauffé qui permet cette simulation.
Cette pratique ancienne est déjà abordée dans le Nei Jīng de Huángdì.
Dans le bouddhisme, le moxa correspond au fait de poser un cône d’encens sur la tête lors de la cérémonie d’initiation des moines et des nonnes.
La moxibustion a connu un développement conséquent sous la dynastie Ming (1368 – 1644) où elle est utilisée principalement avec l’acupuncture.
La moxibustion est majoritairement composée à base d’armoise séchée et broyée, et être utilisée de différentes façons : bâtonnet (appelé cigare de moxibustion) ou de petit cône de la taille d’un grain de riz déposé sur un point à stimuler.

La diététique
La diététique joue aussi un rôle important dans la médecine traditionnelle chinoise. Celle-ci étant apportée afin d’apporter de l’énergie nourricière.
Une alimentation équilibrée permet ainsi d’avoir une bonne santé et de ne pas perturber le Qi.

Le massage Tui Na
Le massage Tui Na, aussi appelé An Mo (按摩) est un type de massage spécifique à la médecine traditionnelle chinoise.
Ce type de massage considère les méridiens et les points d’acupuncture du corps. Il comprend des techniques et manœuvres qui concourent à disperser les blocages énergétiques, stimulent ou encore tonifient l’énergie.
L’objectif de ce massage contribue à faire circuler et rééquilibrer les énergies. Il aurait été créé vers 1300 avant Jésus-Christ dans l’ancienne capitale, Luoyang.

Le Qi Gong
氣功 – Qìgōng
Le Qi Gong est une gymnastique traditionnelle chinoise. Il s’agit d’une pratique de la respiration fondée sur la connaissance et la maîtrise du souffle en associant des mouvements lents, exercices respiratoires et concentration.
Cette pratique est issue du Wu Shu de l’école Shaolin, aussi appelé Kung-fu Shaolin, du monastère bouddhiste Shaolin. Ce Kung-fu même est inspiré de gymnastiques taoïstes de longévité.
Lors la révolution culturelle, cette pratique est réprimée, mais refait surface dans les années 1970.

La gestion des émotions
La gestion des émotions dispose aussi de son importance dans la médecine traditionnelle chinoise.
Des émotions trop intenses peuvent conduire à un déséquilibre interne et plus particulièrement le Yin et le Yang. C’est pourquoi, à travers le Qi Gong, il est possible d’apprendre à contrôler les émotions par le contrôle du souffle Qi.
La médecine chinoise, comme d’autres aspects de la culture chinoise telle que l’écriture ou encore le bouddhisme, s’est répandue à travers l’Asie et a ainsi atteint d’autres pays qui se l’approprieront et développeront leur propre médecine traditionnelle avec leur propre spécificité.
La médecine traditionnelle au Japon
La médecine traditionnelle japonaise est aussi connue sous le nom de la médecine Kampo (漢方医学, Kanpō igaku). Elle est un dérivé de la médecine traditionnelle chinoise.
Les principes fondamentaux de la médecine chinoise, mentionnées plus tôt, sont apparus entre le VIIe et le IXe siècle au Japon. Depuis son apparition, le Japon s’est approprié ces derniers afin de développer sa propre médecine à base de plante.
De nombreux points communs avec la médecine traditionnelle chinoise existent dans sa pratique avec l’utilisation de l’acupuncture, la moxibustion ou encore la pharmacopée.
Bien que cette pratique se soit développée pendant de nombreuses années, ce n’est que récemment qu’elle est mise en avant par ses pratiquants.
De nos jours, le Kampo est une partie intégrée au système de santé japonais, certains de ses médicaments ont également été approuvés par le ministère de la Santé japonais.
Contrairement à la pharmacopée chinoise, la japonaise est fixe et dans des proportions normalisées. L’approbation de certains médicaments fait qu’un contrôle très strict est mis en place.
Près de 165 herbes sont utilisées comme ingrédient dans cette médecine. Ils sont testés à de nombreuses reprises afin d’éviter toute contamination des herbes par des métaux lourds ou aux agents microbiologiques.
La Corée
La médecine traditionnelle coréenne aurait vu le jour 3000 ans avant Jésus-Christ. Comme de nombreux éléments de la culture en Asie, légendes et mythes sont à l’origine de la médecine traditionnelle coréenne.
Pour cela, revenons sur un des mythes fondateurs de la Corée : le mythe Dangun (단군).
Une légende rapporte qu’un tigre et une ourse souhaitent devenir des Hommes. Pour cela, ils en font la demande et une prière à Hwanung.
Le fils du Dieu des cieux leur demande de se tenir hors de la lumière, dans une grotte pendant cent jours, uniquement avec des gousses d’ail et de l’armoise (selon les versions, c’est de l’absinthe).
Cependant, au bout de vingt jours, le tigre ne parvient pas à honorer la demande de Hwanung et sort. L’ourse trouve la force de rester et se transforme en femme au bout du 21ᵉ jour.
Après sa transformation, elle prend le nom de Ungnyo (웅녀), mais même si ce rêve s’est réalisé, il manque encore quelque chose à Ungnyo. Elle se mit à prier pour avoir un fils.
Ému, Hwanung décide de prendre Ungnyo pour épouse. Par cette union, un fils est né sous le nom de Dangun Wanggeom (단군왕검).
Dangun Wanggeom, petit-fils du Ciel, fonde le royaume de Gojoseon (고조) où il règne pendant 1500 ans avant de se retirer dans les montagnes pour y vivre jusqu’à l’âge de 1908 ans.
La médecine traditionnelle coréenne a longtemps été incantatoire et les herbes médicinales sont utilisées à des fins curatives, par exemple, certaines sont utilisées pour soulager les douleurs ou soigner des blessures.
Parmi l’une des différences avec la médecine traditionnelle chinoise est la présence de l’ail et de l’absinthe parmi la pharmacopée. Par conséquent, il est possible de déterminer que la Corée a développé ses propres remèdes.



Crédits photo : Corall and Meana
D’autres médecines sont venues influencer la médecine traditionnelle coréenne telles que la médecine traditionnelle chinoise. Par ailleurs, à partir de la période Silla (VIIe — Xᵉ siècle), la Corée voit le développement de ses traités médicaux avec certains d’importances :
- Les Prescriptions de premiers soins utilisant des ingrédients indigènes, aussi appelé Hyangyak Gugeupbang (향약구급방) ;
- Le Guide d’introduction à la médecine grand public, aussi appelé ejungiphyobang (제중입 효방) ;
- La Collection classée des prescriptions médicales (醫 方 類 聚, 의방 유취) considéré comme une des plus grandes encyclopédies médicales en Corée ;
- L’encyclopédie Dongeui Bogam (동의보감), rédigé après l’invasion japonaise en 1592 qui jouera un rôle d’influence les médecines traditionnelles chinoises, japonaises ainsi que vietnamiennes.


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L’une des spécificités de la médecine traditionnelle coréenne est la typologie Sasang (사상 의학).
La typologie Sasang
Il s’agit d’une théorie de la médecine traditionnelle coréenne qui consiste à classer les êtres humains en quatre groupes distincts.
De base, la typologie Sasang se fonde sur un corps et un esprit qui diffèrent d’après le biotype d’un individu et sur la taille variée des organes internes. Selon les Coréens, il y a une différence dans les tailles, qui influe sur le niveau d’énergie interne, et les proportions entre eux des organes internes.
Pour déposer un diagnostic, la médecine doit déterminer l’état des organes internes ou la physiopathologie des patients. L’augmentation ou la diminution brutale d’un organe permet de détecter la présence d’une maladie.

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D’après cette théorie, les êtres humains sont divisés dans les quatre groupes suivants :
- Tae-Yang (태양, 太陽) ou à majorité yang : peine ; gros poumons et petit foie ;
- So-Yang (소양, 小陽) ou à minorité yang : colère ; gros ensemble rate-pancréas et petits reins ;
- Tae-Eum (태음, 太陰) ou à majorité Yeum : joie ; gros foie et des petits poumons ;
- So-Eum (소음, 小陰) ou à minorité yeum : plaisir ; gros reins et petit ensemble rate-pancréas.
Cette catégorisation permet aux médecins de détecter une maladie, mais également d’associer des émotions à chaque organe interne.
Parmi les pratiques de la médecine traditionnelle coréenne, il est possible de retrouver la pharmacopée, notamment la consommation de champignons et de thé, ou encore la moxibustion.
Conclusion
La médecine traditionnelle en Asie s’est développée et s’est influencée l’une et l’autre. Bien que ces pratiques soient anciennes, elles sont encore pratiquées de nos jours.
De même, ces médecines sont aujourd’hui considérées comme des médecines alternatives en Occident, les mettant ainsi en opposition à la médecine scientifique occidentale. Néanmoins, ces dernières se complètent et s’apportent toujours un peu plus de notions, de concepts ou réalisent un échange de connaissance et de savoir.
La médecine traditionnelle, bien que cet article aborde majoritairement l’aspect corporel, il s’agit aussi d’une médecine de l’esprit et de l’âme. Dans la médecine traditionnelle en Asie, les émotions fortes ont un impact sur l’état de santé.
Par ailleurs, un bon médecin n’est pas celui qui lutte contre la maladie, mais celui qui parvient à la prévenir.
De plus, de nombreuses notions sont issues des pensées chinoises, que ce soit le bouddhisme, le confucianisme, mais également le taoïsme.
Pour aller plus loin
- Les pages dédiées à la médecine traditionnelle de l’OMS
- L’exposition du musée Guimet dédié à la médecine traditionnelle en Asie
- Une étude sur la médecine chinoise des hôpitaux universitaires de la Pitié Salpêtrière.
- La page dédiée sur l’acupuncture et la moxibustion de l’UNESCO.
- Histoire de la pensée chinoise, Anne Cheng, Éditions Seuil (1997)