Les bains publics sont une activité incontournable pour qui séjourne en Corée du Sud. Érigés en véritable institution au pays du matin calme, leur image s’exporte dans le monde au travers des k-drama, les séries coréennes. Mais beaucoup de touristes n’osent pas encore sauter le pas, et on vous explique pourquoi c’est bien dommage.
Introduction
D’abord, qu’est-ce que c’est exactement ?
Peut-être êtes-vous davantage familier des bains publics japonais, les sentos, et leurs cousines les sources d’eau chaude, les onsens. Nous avions justement fait un point dessus il y a deux ans.
Retrouvez notre article sur les bains publics japonais ici…
… et le merveilleux livre de Stéphanie Crohin Kishigami ici !
S’il y a des similitudes entre les bains coréens et les bains japonais, il y a également des différences notables.
En faisant mes recherches, je suis tombée à chaque fois sur le même terme : jjimjilbang, 찜질방 en hangeul. Ce terme, que l’on ne traduit généralement pas, se compose des mots jjimjil, 찜질 vapeur, et 방 bang, pièce. Et que peut bien être une « salle de vapeur » ? Un sauna bien sûr !
Pourtant, dans la plupart des cas, jjimjilbang est traduit par l’expression « bain public coréen ». C’est un amalgame qui pourrait paraître sans grande conséquence, sauf que…
Cela peut donner l’impression qu’il s’agit simplement d’un genre de spa, typique de la Corée. Or cela occulte totalement le côté « bains publics », passage obligatoire pour accéder à l’espace jjimjilbang et ses saunas.
Je vous parlais plus haut du Japon avec ses bains publics et ses sources d’eau chaude, vous voyez sans doute où je veux en venir.
On prend un bain pour se laver, ce qui implique d’enlever ses vêtements (en tout cas, c’est plus efficace comme ça). Et c’est un espace public, donc il y a d’autres personnes qui font de même. Cela implique donc d’être tout nu devant d’autres personnes et de partager l’eau du bain. Voilà, à un moment, il faut dire les choses.
Ainsi, le problème (à mon sens) à résumer les bains publics coréens aux spas, c’est que cela peut conduire des personnes dans des situations embarrassantes car elles n’avaient pas prévu de faire tomber la culotte (ou le caleçon) en public.
Cela étant dit, si vous n’avez jamais tenté l’expérience et avez peur d’être gêné, soyez rassuré. Le passage au bain public faisant partie de la vie quotidienne des Coréens, personne ne vous dévisagera outre mesure. Enfin, pas plus que quand vous vous baladez dans la rue.
Mais revenons-en au sujet.
Maintenant, vous vous dites sûrement : « Super Meana, mais du coup, si on ne dit pas jjimjilbang, on dit quoi ? »
Déjà, je répondrais que l’on PEUT dire jjimjilbang, mais il ne faut pas oublier la composante baignade préalable. Cette partie s’appelle 목욕탕 mokyoktang, ce qui pourrait se traduire par « prendre un bain dans l’eau chaude ». J’extrapole peut-être un peu, mais il y a 목욕 mokyok, prendre un bain, et 탕 tang, eau chaude. Voilà qui est déjà plus proche de « bains publics » niveau sens.
Si les jjimjilbang sont très courants en Corée, les établissements de bains n’en sont pas systématiquement pourvus. Ce qu’il faut retenir, c’est que tous les jjimjilbang comporte un mokyoktang, mais tous les mokyoktang n’ont pas un jjimjilbang.
Vous me suivez toujours ? Alors c’est parti pour la suite.
Dans cet article, nous allons vous présenter ces deux espaces, jjimjilbang et mokyoktang, avec leurs spécificités et leur fonctionnement, tout en vous partageant notre propre expérience.
Nos expériences
Lors de notre premier séjour au printemps 2019, nous n’en avons pas du tout testé. Pour tout vous dire, cela ne nous a même pas traversé l’esprit. Mais lors de notre second voyage, à l’automne 2022, c’est une autre histoire.
Au total, nous en avons testé trois, dans trois villes différentes. Globalement, je dirais qu’ils étaient tous très différents les uns des autres. Nous les avons choisis complètement par hasard, en cherchant sur la carte, et ils comportent tous un espace jjimjilbang.

1200-3 Wolseong-dong, Dalseo-gu, Daegu | 대구광역시 달서구 월성동 1200-3
Spa Elybaden, Daegu
Premiers bains publics que nous testons en Corée du Sud. Ils occupent plusieurs étages d’un immeuble (au moins 4 : accueil & chaussures, vestiaires & bains hommes, vestiaires & bains femmes, jjimjilbang).
Coût par personne :
- Entrée avec accès aux bains et jjimjilbang : 14 000 wons, soit environ 10 euros
- Gommage : 20 000 wons, soit environ 14 euros
Shampoing et savon étaient à disposition, nous n’avons donc rien payé.
SpaLand Shinsegae, Busan
Après une journée éreintante, quoi de mieux que de se détendre dans un bon bain ? Ce complexe se trouve dans le Shinsegae Department Store Centum City 신세계 백화점 센텀시티점, l’un des plus grands centres commerciaux au monde.
Plutôt haut de gamme, SpaLand Shinsegae est immense, en particulier la partie jjimjilbang.
Coût par personne : forfait* de 23 000 wons, soit environ 16 euros.
*ce forfait inclut l’accès pendant quatre heures aux bains et au jjimjilbang, ainsi qu’un snack composé de poulet frit et d’une boisson.

35 Centum nam-daero, Haeundae-gu, Busan | 부산광역시 해운대구 센텀남대로 35

70, Haneuldalbit-ro, Jung-gu, Incheon | 인천광역시 중구 하늘달빛로 70
SkyLand Sauna, Seoul
La fin du séjour approche et il serait dommage de ne pas profiter une dernière fois des bains ! Celui-ci n’est pas situé dans un coin très touristique, mais il n’était pas très loin de chez nous.
Coût par personne :
- Entrée avec accès aux bains et jjimjilbang : 12 000 wons, soit environ 8,50 euros
- Gommage : 26 000 wons, soit environ 18 euros
Mokyoktang et Jjimjilbang
Un peu d’histoire
De prime abord, je souhaitais aborder l’historique des mokyoktang et des jjimjilbang séparément, mais j’ai réalisé au cours de mes recherches qu’ils étaient bien trop indissociables pour cela.
Remonter le fil de la culture du bain en Corée n’est pas évident. En effet, relativement peu de recherches ont été faites à ce sujet, et les sources manquent. La publication de Patrick Vierthaler, intitulée “Korean Bathing Culture – Tracing the Roots and Variations of Public Bathing Culture in Korea”, m’a été d’un grand secours pour rédiger cette partie.
En coréen, l’expression « se baigner » ou « prendre un bain » se traduit par mogyok hada 목욕하다.
Patrick Vierthaler indique dans son article que l’étymologie et l’utilisation historique de cette expression implique une signification connotée religieusement. En effet, mogyok trouverait son origine dans l’expression bouddhiste jaegyae mogyok 재계하다, qui date de la période Goryeo (918-1392), une période particulièrement influencée par le bouddhisme.
Les deux termes sont relatifs au fait de laver ou nettoyer, mais mogyok indique un nettoyage du corps physique, alors que le terme jaegye a un sens plus spirituel. Cette connotation religieuse a aujourd’hui disparu. D’ailleurs, les expression mogyok et mogyok hada sont assez générales et ne stipulent ni la température du bain, ni le type de baignade.

La mention la plus ancienne de la culture du bain en Corée date de 1427. Loin des bains tels qu’on les connaît aujourd’hui, il s’agit en fait d’infrastructures ressemblant à des saunas. Appelées hanjeung 한증, elles avaient la forme de four et étaient utilisées par les religieux pour soigner les malades.
Les patients venaient s’y asseoir en petit groupe. L’usage consistait à rester à l’intérieur pendant un moment afin de transpirer abondamment ; puis à sortir pour se laver avec de l’eau mise à disposition. Le processus pouvait être répété plusieurs fois.
Le lien entre ces hanjeung et le bouddhisme est particulièrement visible dans le vocabulaire associé à cette pratique. Par exemple, pour indiquer le nombre de fois où l’on pénétrait dans le hanjeung, on utilisait le suffixe –gwan eum (-관음) qui ferait, toujours selon Patrick Vierthaler, référence au boddhisattva de la compassion, Gwaneum, aussi connu sous le nom de Kannon au Japon ou Guanyin en Chine.
Il est intéressant de constater que la différence de classes n’avait pas d’importance dans l’utilisation des hanjeung : en dépit d’une société composée de différentes classes sociales, riches et pauvres s’y côtoyaient sans problème apparent. Par ailleurs, l’usage des hanjeung n’était pas mixte, les hommes s’y rendaient l’après-midi, tandis que les femmes devaient attendre le soir. Il semblerait également que certains hanjeung étaient exclusivement réservés aux hommes.
Par la suite, cette pratique a un peu perdu de son aspect religieux pour s’orienter vers une certaine forme de divertissement : l’objectif est toujours de rester en bonne santé, mais l’aspect récréatif occupe de plus en plus de place.
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Un autre aspect de la culture des bains en Corée apparaît dans des annales rédigées par un envoyé de la dynastie chinoise des Song en 1123. Si les traces écrites sont incomplètes, elles font référence à la vie quotidienne coréenne.
Elles mentionnent ainsi l’habitude que les Coréens avaient de se baigner dans les rivières le matin et le soir, en toute mixité. Plus que le fait de se laver, cette action avait un intérêt religieux, celui de se purifier spirituellement. C’est de là que viendrait l’expression mogyok hada, vue précédemment. En cela, cette pratique se rapproche beaucoup du concept de purification par l’eau, misogi 禊, observé dans le shinto japonais.
Retrouvez ici notre article sur le shinto !
Cette pratique a perdu de son importance durant l’ère Joseon (1392-1897). En effet, le néo confucianisme prenant le pas sur le bouddhisme, un code moral très strict émerge, et les baignades mixtes en public sont jugées immorales.
Les mentions écrites de cette pratique sont peu nombreuses par la suite. Jusqu’à la naissance d’une culture des bains moderne vers le 19ᵉ siècle.
Lorsque les premiers colons japonais arrivent à Busan, ils amènent avec eux leur propre culture des bains, et construisent des bains publics sur le modèle des sento. Ceux-ci sont cependant réservés aux Japonais.
Le premier bain public de ce style accessible par les Coréens ouvre en 1905 à Séoul. Mais la population locale, peu familière avec cette conception du bain, n’est pas très réceptive, et le bain public finit par fermer, faute de clients.
On ignore aujourd’hui encore quand le mokyoktang est apparu pour la première fois. Certains relient son apparition à ce bain public ouvert en 1905, d’autres à une infrastructure ouverte à Séoul en 1904 et nommée Hechongtang, où il était possible de manger, boire, se baigner et même se faire couper les cheveux. Selon l’Encyclopédie de la culture coréenne, compilée par l’Académie des études coréennes, le premier mokyoktang aurait ouvert ses portes à Pyongyang en 1924.
On ne sait pas non plus d’où vient le terme mokyoktang ! On sait simplement qu’il apparaissait déjà dans un article de journal en 1906, au côté d’une version plus complète : mogyok tang’ok 목욕탕옥. La dernière syllabe est tout simplement un suffixe symbolisant une boutique ou un commerce.
Ainsi, ses origines précises sont un peu obscures, encore aujourd’hui. On sait cependant que les mokyoktang se sont répandus à partir des années 1920, et que leur nombre s’est brusquement accru dans les années 1960.
Jusque dans les années 1970-1980, la plupart des maisons coréennes n’avaient pas la place d’accueillir une salle d’eau. Pour se laver les cheveux ou faire une toilette légère, ils se contentaient de faire chauffer de l’eau et d’utiliser une bassine. Mais pour se laver entièrement, ils étaient obligés de recourir aux bains publics.
Comme cela représentait un certain budget que tous ne pouvaient pas se permettre, beaucoup s’y rendaient une fois par mois ou avant des occasions spéciales comme des fêtes ou la rentrée scolaire.
À partir des années 1980, les salles d’eau moderne et les chaudières commencent à faire leur apparition dans les maisons. Mais le gaz (qui alimente les chaudières) coûte cher, et beaucoup de personnes continuent à utiliser les bains publics.
À l’époque, se rendre aux bains se faisait généralement en famille, avec les parents et les grands-parents. Cette activité permettait de tisser et renforcer les liens entre les membres de la famille, et beaucoup de Coréens en gardent de bons souvenirs.
Selon le post de @uofhorang.official du 28 septembre 2022, il n’y avait, en 2022, plus que 6 269 bains publics en Corée du Sud, et leur nombre pourrait bien diminuer à cause de l’impact du Covid-19.
Mokyoktang, les bains
Comment se déroule une visite aux bains publics ?
On arrive d’abord à l’accueil. C’est l’endroit où l’on va payer et percevoir quelques objets indispensables à la visite : la clé des casiers pour les chaussures et des vestiaires, ainsi que les serviettes et la tenue obligatoire dans les jjimjilbang. Cependant, selon la taille du complexe, les serviettes et les vêtements peuvent être fournis directement à l’entrée des vestiaires.


À gauche, on a un petit établissement, et clés (rouges pour les filles, bleues pour les garçons), serviettes et vêtements sont fournis à l’accueil directement. À droite, l’établissement est plus grand ; on récupère ses clés directement sur un casier à chaussure (cette partie est déjà genrée), le reste est fourni dans les vestiaires.
Les clés, qu’il vous faudra conserver tout au long de votre visite, sont munies d’un bracelet, afin de ne pas le perdre. À l’intérieur, elles permettent également d’acheter des choses, comme du savon ou de la nourriture : vous n’aurez plus qu’à régler directement à l’accueil en partant.
Pieds nus et muni de votre clé, il est temps de se diriger vers le bon vestiaire.



Dans chaque vestiaire se trouve au moins un membre du personnel. Selon les cas, il ou elle est en charge de fournir serviettes et vêtements (si l’accueil ne le fait pas) et propose à la vente des produits d’hygiène, de l’eau, etc.
C’est là que les choses se compliquent un peu pour nous autres Occidentaux : il est temps de se déshabiller. Ça peut paraître un peu gênant au début, mais les Coréens sont habitués à ce genre d’endroits depuis qu’ils sont très jeunes, alors personne ne vous dévisage outre mesure.
À titre personnel, je ne me suis pas sentie du tout gênée dans les bains à Daegu et Séoul, où il n’y avait que des Coréennes. En revanche, les bains de Busan se trouvant dans un grand centre commercial, il y avait une bonne proportion de personnes non-coréennes, et c’est là que je me suis sentie la plus gênée.
Quoi qu’il en soit, vous allez devoir faire avec votre nudité de votre casier jusqu’aux bains. Tentez de vous cacher un peu avec vos serviettes ne ferait qu’attirer l’attention des autres personnes sur vous, alors le mieux est de se lancer sans se poser de question. (Courage, ça en vaut la peine !)
Pour accéder aux bains, vous n’avez besoin que de vos serviettes et produits d’hygiène. N’oubliez pas votre clé, et pensez à prendre de l’eau. Entre la chaleur des bains et celle des saunas, il est important de bien s’hydrater.
Vous êtes maintenant prêts à entrer dans la salle d’eau.
Si chaque établissement de bains est unique, il y a des éléments que l’on retrouve systématiquement.

- Les “douches”
- Les bains
- Les saunas humides
- La zone dédiée au gommage
Les “douches”
Il est indispensable de commencer par se laver.
Selon les établissements, on peut soit utiliser des stations assises, traditionnelles, soit les douches. Les places ne sont normalement pas réservées, mettez-vous là où il y a de la place (même s’il y a encore les affaires de quelqu’un d’autre).
Nettoyez-vous bien, y compris les cheveux, même si vous devrez les attacher pour aller dans les bains. Une fois bien propre, rassemblez vos affaires dans un coin pour ne pas gêner les suivants. Il est temps de profiter des bains !
N’oubliez pas de refaire un passage nettoyage avant de partir, et là encore, cheveux compris. Entre la chaleur, l’humidité et les différents minéraux présents dans l’eau, il vaut mieux se laver encore une fois.
Les bains
Selon la taille de l’établissement, il y a plus ou moins de variétés dans les bains. Dans tous les cas, on retrouve toujours un mélange de bains (très) chauds et de bains (très) froids. Parmi les établissements que nous avons testés, les températures oscillaient entre 10°C et 43°C.
N’hésitez pas à prendre votre temps pour rentrer dans l’eau et à varier les températures. Si vous vous sentez un peu étourdi, sortez un peu de l’eau. Vous constaterez que les Coréens ne restent pas toujours dans les bains, et restent parfois assis au bord de longs moments. Imitez-les.
En plus des variations de températures, la composition de l’eau des bains n’est pas toujours la même. L’eau va ainsi contenir différents éléments et minéraux, comme du chlorure de calcium ou du chlorure de sodium.
Certains bains, souvent aux températures intermédiaires, disposent de jets massant à ne pas manquer.

Les saunas humides
Là encore, cela semble être un incontournable des bains publics. Il y en a généralement un ou deux, avec différentes températures. Personnellement, j’y passe relativement peu de temps, car j’ai rapidement l’impression de suffoquer. Je préfère largement barboter dans l’eau des bains !
Globalement, les saunas humides sont assez classiques. Plus ou moins grands selon les établissements, ils ne sont pas toujours équipés de bancs, ce qui oblige à s’asseoir par terre.
Je n’ai pas souvenir de saunas proposés dans les deux premiers bains que nous avons testés. En revanche, j’ai trouvé les saunas de Skyland Sauna très mignons, avec leurs peintures murales. De mémoire, elles représentaient des enfants jouant dans l’eau.
Après avoir profité du sauna, n’oubliez pas de vous rincer aux douches avant de retourner dans les bains.
Le gommage
Un service communément (systématiquement ?) proposé dans la partie bain est le gommage corporel. Proposé par des spécialistes licenciées directement dans la salle des bains, c’est un service supplémentaire à payer. Là encore, les prix peuvent varier selon les endroits, avec un prix minimum d’environ 15 000 wons. Il existe plusieurs options, généralement indiquées au mur avec les tarifs.
L’apparition de ce service dans les bains publics ne semble pas datée. Sa pratique se serait répandue dans les années 1970. À l’origine, ce travail n’était pas vraiment pris au sérieux et on appelait ces personnes ttaemiri 때밀이 (littéralement “frotter [miri 밀이] les peaux mortes [ttae 때]” ). Cet emploi est officiellement reconnu par le gouvernement coréen depuis 1993, et l’appellation a changé pour un terme plus poli : sesinsa 세신사 (littéralement “spécialiste [sa 사] qui lave [se 세] le corps [sin 신]”). Ne soyez pas surpris : en raison de la chaleur et de l’humidité de l’air, elles travaillent le plus souvent en sous-vêtements.
Avis aux personnes sensibles : elles n’y vont pas de main morte. Le gommage est vigoureux et douloureux. N’hésitez pas à indiquer si vous avez des zones douloureuses à éviter, sans quoi l’expérience risque d’être très inconfortable.
Pour profiter de ce service, rien de plus simple : dirigez-vous vers cette zone. Même sans parler coréen, si vous arrivez avec des billets dans les mains, elles comprendront directement. Il peut être compliqué de choisir quel service prendre, vous pouvez vous référer au prix ou les laisser choisir (la plupart du temps, elles prendront le service classique).
Il y a souvent un peu d’attente : dans ce cas, elles prennent votre clé et votre argent, et vous pouvez continuer à profiter des bains en attendant votre tour. Si vous ne réagissez pas lorsqu’elles appellent votre numéro, rassurez-vous, quelqu’un viendra vous chercher.
Nous avons utilisé ce service dans deux des trois bains publics que nous avons visités : la première fois à Daegu, après avoir été approchées par l’une des spécialistes ès gommage ; cela nous a coûté 20 000 wons chacune. Et si la brutalité du gommage nous a surprises, nous avons été sidérées par la douceur de notre peau après ça. La seconde fois était au SkyLand Sauna à Séoul, pour un montant de 26 000 wons. Nous avons préféré nous abstenir à SpaLand Centum (Busan) car le montant était bien plus élevé : 50 000 wons pour le gommage le moins cher. Et considérant le prix initial d’entrée, cela aurait vite chiffré.
Retour aux vestiaires
Les vestiaires sont généralement équipés de tout ce qu’il faut à la sortie du bain : sèches cheveux, brosses, crème hydratante, coton-tiges, etc. Vous pouvez utiliser tout ce qui se trouve dans cet espace gratuitement.
Certains établissements sont même équipés de dispositifs aseptisant. Y sont conservés (en général) les peignes et les brosses. Vous pouvez en prendre librement, puis les déposer dans les panières à côté après usage. Ne les remettez pas dans le dispositif.
Jjimjilbang, les saunas
Maintenant que vous avez les doigts tout fripés, il est temps de passer à la suite du programme : le jjimjilbang.

Pour cela, retour à la case vestiaire : vous allez pouvoir revêtir la tenue (plus ou moins seyante) fournie par l’établissement. Puisque les gens vont au jjimjilbang pour se détendre, voire même pour dormir, cette tenue est très confortable. Elle est également obligatoire : vous ne pouvez pas porter vos propres vêtements à l’intérieur.
Ci-contre : un petit aperçu de la tenue fournie à Elybaden Spa (Daegu). Peu seyante, mais d’un tel confort que j’aurais aimé la garder !
Selon les établissements, l’espace jjimjilbang peut être accessible directement depuis le vestiaire, ou en prenant un ascenseur. Cet espace, contrairement aux bains, est mixte. Et là encore, les services à disposition varient d’un endroit à l’autre.
Services proposés et tarifs
Les jjimjilbang sont généralement (toujours ?) ouvert 24h/24, 7j/7. Il est assez fréquent d’y passer la nuit, et c’est la raison pour laquelle la tenue fournie se doit d’être confortable. Les prix peuvent cependant augmenter si vous y restez longtemps.
Comme pour la partie bains, mokyoktang, les services proposés dans les jjimjilbang varient selon la taille et le standing de l’établissement. Mais contrairement aux mokyoktang, les jjimjilbang sont mixtes.

La plupart, si ce n’est tous les établissements, proposent un espace de relaxation, un stand de nourriture et des saunas secs. Certains complexes peuvent occuper un immeuble entier, et proposer restaurant, piscine, salle de sport, salon de massage, coiffeur, aire de jeux pour les enfants, etc.
Par exemple, Elybaden Spa (Daegu) dispose d’une grande aire de jeux pour enfants, avec piscine à balle, toboggan et autres jeux. SpaLand Shinsegae (Busan) propose, quant à lui, un véritable restaurant.
Le tarif de base est généralement compris entre 8 000 et 20 000 wons (soit entre 5.65€ et 14€ environ). Au SkyLand Sauna de Séoul, nous avons payé seulement 2 000 wons ! Ces montants n’incluent que le service de base, à savoir l’accès aux différents saunas et les espaces de repos. Certaines activités à l’intérieur peuvent faire l’objet de frais supplémentaires, comme les fauteuils massant et le stand de nourriture. Dans certains jjimjilbang, on peut également trouver des salons de coiffure, d’esthétique et de massage.
L’espace de relaxation
Dans l’espace de relaxation, il est possible de se reposer, de regarder la télévision, de grignoter ou de discuter. Selon les endroits, il peut même y avoir des genres de dortoirs, avec de vrais lits.
Mais la plupart du temps, ce sont simplement de petites couchettes en mousse appelées yo 요, étendues à même le sol. Le sol est quant à lui chauffé, et porte le nom de ondol 온돌. Si cela peut sembler un peu spartiate pour les Occidentaux, cela reste très confortable pour une petite sieste. À condition de pouvoir bénéficier de calme. Car il n’est pas rare d’entendre des concerts de ronflements ! Le mieux est d’alors rejoindre les coins les plus isolés du jjimjilbang.
Si vous n’avez pas sommeil, vous pouvez également rattraper le dernier épisode du k-drama du moment : il y a toujours un téléviseur allumé quelque part.
Sinon, il reste les fauteuils massant, qui ne font pas preuve de beaucoup plus de douceur que les sesinsa du service de gommage ! Sachez cependant que ce service est à payer en plus ; il vous suffit d’utiliser la clé de votre casier pour l’activer.



Restauration
Que serait un jjimjilbang sans nourriture ? Quelle que soit la taille du complexe, il y a forcément un espace dédié à la restauration. Traditionnellement, il est d’usage de boire du thé et manger des œufs durs.
Mais ces stands proposent en général une grande variété d’aliments et de boissons. Il est ainsi possible de manger du kimchi, des nouilles instantanées, des chips, du riz, des glaces, etc. ou encore de boire du café ou des sodas.
À SpaLand Shinsegae (Busan), il y avait un véritable restaurant, dans lequel il était possible de commander de vrais repas. Nous avions également un bon pour un poulet frit et un soda, compris dans notre billet d’entrée.


Sauf exception, tout ce que vous consommez à l’espace de restauration occasionne des frais supplémentaires. Vous “badgez” grâce à la clé de votre casier, et n’aurez plus qu’à payer à l’accueil en repartant.
Saunas
La quantité et la variété de saunas secs varient évidemment en fonction des établissements. Mais même les plus petits d’entre eux en ont au moins un ou deux différents. Il est très fréquent d’avoir un sauna en forme de four, en référence aux fameux hanjeung bouddhistes dont je vous parlais plus haut.
Niveau variété, on peut par exemple trouver des saunas chauds et froids. Les températures varient alors entre -7 et 100°C. Les saunas sont souvent centrés sur un thème spécifique en particulier : sel, jade, argile rouge, quartz, charbon, etc.



À SpaLand Shinsegae (Busan), où le nombre de saunas différents était très important (13 selon leur site Internet !), il y avait même des salles avec projection de lumière ou musique, ainsi que des saunas reprenant les thématiques romaines et finlandaises. Il y avait en outre un espace extérieur très instagrammable dédié au bain de pieds. Probablement l’une de mes parties préférées de ce spa !
Pour finir
Le jjimjilbang est une activité incontournable à faire seul, entre amis ou en famille.

Si vous avez déjà regardé des dramas coréens, il est possible que vous ayez déjà vu les personnages se rendre au jjimjilbang. Et si c’est le cas, vous avez dû les voir affublés de la fameuse serviette sur la tête. Appelée 양머리 yangmeori en coréen, ce qu’on peut traduire par « tête de mouton », la serviette est accrochée de telle façon que cela ressemble aux cornes d’un mouton.
Selon le post Instagram de @uofhorang.global, elle est devenue populaire après le drama My lovely Sam-Soon, diffusé en 2005.
Retour aux vestiaires
Vous avez bien profité du jjimjilbang, il est désormais temps de partir. Si vous avez passé beaucoup de temps dans les saunas et avez transpiré, il peut être nécessaire de vous relaver. Auquel cas, un petit tour dans les douches est de rigueur. Une fois rhabillés, vous pouvez déposer serviettes et tenue du jjimjilbang dans les panières des vestiaires.
En rendant vos clés à l’accueil, vous pourrez régler les éventuels frais supplémentaires (si vous avez acheté de la nourriture ou utiliser un service supplémentaire).
Nos sources
Cet article est basé sur nos propres expériences, ainsi que sur quelques sources externes. En voici la liste :
- Jjimjilbang : l’expérience des bains publics en Corée du Sud (2022)
- Jjimjilbang / Vivre l’expérience des Bains Publics, Les Vents nous portent (2020)
- 7 things NOT to do in a HOT SPRING, Dramasrok KOREA (2016)
- Start the new year off fresh, and squeaky clean, Korea JoongAng Daily (2015)
- Jjimjilbang 101: Beginner’s Guide to Visiting the Korean Bathhouse, Travel Stained (2021)
- Korean Bathing Culture – Tracing the Roots and Variations of Public Bathing Culture in Korea, Patrick Vierthaler (2016 ?)