La vie à pas de loup

Comme dans un roman d’initiation, mais à contre-saison de la vie, les héros – car ils en sont tous à leur façon – apprennent à vivre avec l’espoir, qui ne devrait jamais quitter personne. Ils apprennent au plus fort de la peur que la vie sourit toujours quelque part, en quelque lieu… À l’autre bout du monde, au plus profond de soi.

Les Yeux de l’océan (Mata nu Wawa)

Une frontière inconnue, emplie de la mémoire des vagues, où souffle le vent d’humilité et de droiture des premiers temps, voilà ce que nous révèle ce livre émouvant sur la relation d’amour intime que les Tao entretiennent avec le monde marin. Syaman Rapongan y excelle à dégager le caractère intrinsèque de ces enfants de la petite île des Orchidées, au sud-est de la grande île de Taiwan. Les Yeux de l’océan est aussi le récit de l’expérience douloureuse de l’exil et des discriminations multiples qui forgent une conscience politique, celle du combat universel des autochtones pour faire reconnaître leur dignité. « L’océan est mon église, il est aussi ma salle de classe et l’inspirateur de mes écrits. Quant aux êtres qui le peuplent, ils resteront à jamais mes mentors. »

Bambou-vert, anthologie de contes de Chine

Les premières grandes collectes de contes populaires commencèrent en Chine dans les années 1920 et aboutirent à des publications très impressionnantes. Plus de 7300 contes furent ainsi collectés au fil du temps. Plusieurs anthologies (celle de 1989 en 40 volumes ou celle de 2017 en 31 volumes) réussirent un exploit sans équivalent dans le monde en conservant un patrimoine culturel immatériel exceptionnel avant qu’il n’ait disparu.

Servir le peuple

Lorsque Yan Lianke s’empare du célèbre slogan de la Révolution culturelle, c’est pour piétiner au passage les tabous les plus sacrés de l’armée, de la révolution, de la sexualité et de la bienséance politique. De quoi donner une crise d’apoplexie au ministre de la Propagande chinois, en charge de la censure.

Secrets

A la mort de son père, Yeongjun, cinéaste audacieux mais homme taciturne et sans attaches, revient dans sa ville natale qu’il a quittée il y a vingt-cinq ans. Il y rencontre son frère et apprend que sur son lit de mort, leur père les a chargés d’une étrange mission : vendre la maison de leur enfance et faire don du fruit de la vente à une inconnue.

Qui est le plus grand ?

Qui est le plus grand ?, appelé à devenir un classique de la littérature japonaise, est une des œuvres les plus attachantes de l’auteur (1872-1896), morte à vingt-quatre ans, qui traversa l’ère Meiji à la manière d’une étoile filante. Les personnages principaux sont des enfants qui font l’apprentissage de la vie dans le Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo (Tôkyô).

Alexandra Kim, la sibérienne

Tournant du XXe siècle. Du village coréen de Sibérie où elle est née, à Khabarovsk où elle a fondé pour Lénine le Comité populaire d’Extrême-Orient, Alexandra Kim (1885-1918) a consacré sa fulgurante existence à la défense des droits des travailleurs. Au péril de sa vie, cette révolutionnaire bolchevique coréenne se fit la caisse de résonance de la colère des prolétaires russes, coréens et chinois, constamment mis en danger par leurs conditions de travail. Militante politique convaincue, elle accomplissait chacune de ses actions avec une âme et une volonté qu’aucune force ne pouvait entraver.

Funérailles molles

Lors de la Réforme agraire chinoise, au début des années 1950, une famille de propriétaires terriens décide de se suicider pour échapper aux séances publiques d’accusation, dites « séances de lutte ». Les corps sont enterrés sans linceuls ni cercueils dans des fosses creusées à la va-vite. La jeune Daiyun est désignée pour les combler, traumatisme, parmi d’autres, qui lui fera occulter le passé. Dépassant le cadre de la Réforme agraire et des drames qui l’ont accompagnée, Fang Fang se livre dans ce roman, savamment composé, à une réflexion sur la tentation de l’oubli et le devoir de mémoire dans un contexte où la vérité historique s’avère insaisissable.